Si La République en Marche a choisi Nathalie Loiseau pour tête de liste aux élections européennes, ce n’est pas seulement parce qu’elle connaît bien les « affaires européennes ». L’ancienne ministre est l’incarnation du « en même temps » macronien: elle est d’accord avec tout, et même avec son contraire.
Dans une intervention sur BFM TV, jeudi 28 mars, l’ancienne ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, expliquait, face à Jean-Jacques Bourdin, son projet politique en tant tête de liste de LREM pour les élections européennes prévues le 26 mai prochain. Parmi des sujets aussi divers que « l’urgence écologique », l’innovation technologique, le budget de la PAC, les accords commerciaux internationaux, le Brexit, l’avenir de la dissuasion nucléaire française, Schengen, les opérations extérieures des forces armées françaises, le siège de membre permanent de la France au Conseil de sécurité des Nations unies, et « last but not least », la situation des djihadistes français sur le théâtre irako-syrien, l’ancienne diplomate, qui se veut ouvertement féministe, a trouvé un créneau pour évoquer ses positions sur le rôle de la femme dans la société française.
« Choisissez tout » !
Si François Hollande était connu pour maîtriser l’art délicat de la synthèse, il n’a échappé à personne que Nathalie Loiseau pouvait décidément manier avec brio celui du grand écart. Le titre de son ouvrage : Choisissez tout, paru en 2014, n’en est-il d’ailleurs pas la plus flagrante illustration ? La formule aurait été empruntée à Sainte Thérèse de Lisieux, Nathalie Loiseau se présentant comme une catholique « croyante et pratiquante ». Mais son livre réservait bien des surprises aux ouailles de l’Eglise catholique française car elle y défendait déjà le mariage homosexuel et la Procréation médicalement assistée (PMA), se disait favorable à la Gestation pour autrui (GPA) et soutenait le port du hijab. Mêmes positions sur la PMA, la GPA et le voile sur le plateau de Bourdin ce jeudi matin.
Réaffirmant sa volonté de favoriser la liberté de l’utilisation de leur corps par les femmes, la candidate Loiseau dit oui à la PMA et à la GPA, oubliant au passage ce que le souverain pontife, chef suprême de l’Eglise catholique et successeur de l’apôtre Pierre, ne cesse de marteler : « Fabriquer des enfants au lieu de les accueillir comme un don… on joue avec la vie, c’est un péché contre Dieu créateur ».
Qui dévoilerait Mère Teresa ?
Quant au voile islamique, elle, qui avait comparé dans son livre les jeunes femmes portant le voile islamique à Mère Teresa (« Pourquoi le foulard islamique nous dérange-t-il davantage que le voile de Mère Teresa ou de sœur Emmanuelle ? »), réitère sa position sur le plateau de BFM TV. Cette fois-ci, elle veille à faire référence à Latifa Ibn Ziaten, la mère d’une victime de Mohamed Merah, qui tout en portant le voile consacre son existence à la déradicalisation et à la lutte contre la tentation djihadiste chez les jeunes. En ce qui concerne les femmes forcées à porter le hijab, Loiseau se dit ouverte pour les aider. On se demande comment !
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En bref, à vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, il n’est pas certain que Nathalie Loiseau parvienne le 26 mai à atteindre son objectif premier : battre le Rassemblement national de Marine Le Pen, candidate fermement opposée, pour sa part, à la PMA pour toutes les femmes, ainsi qu’à la GPA, assimilée à « l’autorisation d’achats d’enfants ». Quant au port du voile islamique, Marine Le Pen milite, comme on le sait, pour sa suppression dans l’espace public. Les joutes télévisées de ces prochaines semaines promettent d’être agitées, même si en tant que britannique, en cette année cruciale, j’assisterai à cela en tant que simple téléspectateur…
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