Les journalistes Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint écrivent en bande organisée. Leur dernier opus Délivrez-nous du bien ! fustige l’américanisation d’une France victime de la tyrannie des minorités. Souverainistes, à vos librairies !
Arrêtez d’emmerder Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint ! Nos deux confrères, bien connus des lecteurs de Causeur, sont aussi colère que Georges Pompidou en son temps. L’une, « quadragénaire plutôt émancipée pas franchement portée sur la soumission et le retour au foyer », vient de revenir à ses premières amours en prenant la direction de Marianne, l’autre « homme hétérosexuel de plus de 50 ans », a dirigé La Tribune et Le Nouvel Économiste. Ces deux journalistes, mais néanmoins amis, poussent un cri d’alarme dans leur essai écrit à quatre mains, Délivrez-nous du bien ! Halte aux nouveaux inquisiteurs (éditions de l’Observatoire).
L’influence anglo-saxonne menace notre identité
De la « révolution #metoo » à l’obsession des « nouveaux inquisiteurs » rééduquant le bon peuple, en passant par la toute-puissance des minorités de toutes sortes, Polony et Quatrepoint formulent des constats souvent délivrés dans nos colonnes. Les plus atlantistes frémiront cependant à la lecture de la thèse centrale de l’essai : l’influence anglo-saxonne menace notre identité. Lecteurs de Régis Debray, les deux auteurs s’affligent de nous voir devenir des « gallo-ricains ». N’oublions pas que Sandra Muller a lancé le fameux hashtag #balancetonporc depuis New-York. Tout un symbole du puritanisme anglo-saxon qui se sent désormais triomphant comme #metoo en France.
A lire aussi: Natacha Polony à Marianne, la grande peur des rien-pensants
Mais le féminisme n’a pas le monopole des postures victimaires. Dans la lignée de Tocqueville, qui annonçait la tyrannie de la majorité dans La Démocratie en Amérique, Polony et Quatrepoint montrent à quel point la « tyrannie des minorités » menace désormais la démocratie. Quitte à caresser la doxa à rebrousse-poil en citant l’affaire Jacqueline Sauvage (sainte martyre des femmes battues, qui n’a jamais porté plainte contre son mari avant de l’abattre de trois coups de fusil dans le dos), les propos malséants de Jean-Paul Guerlain ou la tentative de pénalisation des clients de prostituées. Nos compères aggravent leur cas par l’emploi de qualificatifs aussi aimables qu’ « hystéroféministe », leur dénonciation du sectarisme vegan et des inepties différentialistes que sont l’ « écriture inclusive » et l’ « appropriation culturelle ». Pas sûr que Caroline de Haas pardonne leurs offenses…
Polony essaie de penser contre elle-même
Déjà à l’initiative du comité Orwell, collectif de journalistes souverainistes qui milite en faveur du pluralisme dans les médias, le tandem proche des milieux chevènementistes collabore régulièrement à l’antenne de la chaîne virtuelle Polony TV et ne se fait pas que des amis chez les mal-pensants. Ainsi, certains fans d’Éric Zemmour ont-ils récemment reproché à Natacha Polony de cultiver le « juste milieu ». Certes, à la différence de leur héraut, la directrice de Marianne essaie de penser contre elle-même pour éviter de se caricaturer. Nuancé, mais jamais tiède, Délivrez-nous du bien ! exprime le talent pédagogique de ses deux plumes, la professeur Polony et le journaliste économique Quatrepoint, qui ont l’art et la manière d’expliquer les ressorts de la mondialisation.
Une fois ces 300 pages achevées, on se dit que la défense du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la défiance face au règne des multinationales et la préservation d’un certain art de vivre à la française méritaient bien un livre broché. Et tant pis pour les chênes qu’on abat.
Natacha Polony et Jean-Michel Quatrepoint, Délivrez-nous du bien, L’Observatoire, 2018.
Civilisation: Comment nous sommes devenus américains
Price: 33,72 €
17 used & new available from 7,87 €