Découvrez le sommaire de notre numéro d’avril
Paradoxe désolant : à l’heure où la pandémie expose un manque de direction au sommet de l’État et que les candidats aux élections présidentielles de 2022 commencent à sortir du bois, la France hésite à célébrer le bicentenaire de celui qui fut son plus grand dirigeant et le créateur d’un État régalien sans pareil. Les accusateurs de Napoléon, adeptes de la cancel culture, tentent de réduire son extraordinaire aventure au rétablissement de l’esclavage. Emmanuel Macron sera apparemment au rendez-vous le 5 mai pour « commémorer » l’Empereur, mais aura-t-il l’audace de le célébrer ? Comme l’écrivent Elisabeth Lévy, Gil Mihaely et Jonathan Siksou, « la France va-t-elle abjurer son passé ou s’en faire gloire, se soumettre à une moralisation rétroactive annonçant la normalisation, ou assumer ses rêves de grandeur passée, voire renouer avec eux ? »
Notre dossier va plutôt dans le sens de la grandeur. Pour Eric Zemmour, admirateur de Napoléon depuis l’enfance, le Premier Empire est le moment où les Français étaient « sur le toit du monde. » Le long déclin de la nation a commencé en 1815 et, aujourd’hui, nous ne pouvons avoir qu’un projet défensif : refaire des Français par assimilation. Napoléon fournit l’inspiration pour ce retour de la puissance militaire et du régalien – et sans qu’on ait besoin cette fois d’envahir l’Italie ! Un homme comme Napoléon, nous rappelle l’historien Patrice Gueniffey, ne peut pas être jugé à l’aune de la morale commune. Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, affirme que, contrairement aux accusations, Napoléon n’avait aucun projet raciste et que ses réalisations ont survécu parce qu’elles étaient fondées sur des consensus. L’historien britannique, Andrew Roberts, nous révèle combien un certain Premier ministre qui résista au nazisme s’est, tout au long de sa vie, inspiré de Napoléon. Décisif, sûr de lui, entreprenant, ne comptant que sur l’effort collectif, Napoléon incarne, selon Franck Ferrand, tout ce que les Français ne sont plus. Décidément, 2022 nous fera regretter l’Empereur…
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La nouvelle gauche qui naît aujourd’hui, la gauche woke, est aux antipodes de Napoléon, qu’elle souhaite bien entendu « annuler ». Dans son éditorial, Elisabeth Lévy pointe les contradictions profondes de ces groupes de parole, promus par Audrey Pulvar et d’autres, qui sont réservés aux « racisés » ou qui interdisent aux Blancs de parler. « Comment accepter que tout ce qui est humain me soit étranger ? Que le partage, l’empathie, la compassion n’aient cours qu’entre membres du même groupe ? » Notre nouvelle rubrique, « A qui le tour », tenue par Erwan Barillot, dresse la liste des dernières victimes de la cancel culture, tandis que Didier Lemaire pose une question fondamentale : Qui a tué Samuel Paty ? En plus des douze personnes qui sont pénalement comptables de ce crime, de l’assassin à la collégienne affabulatrice et son père le diffamateur, la responsabilité morale se partage entre ses collègues, sa hiérarchie, des décennies de politiques clientélistes – et finalement nous tous qui refusons d’être ce que nous sommes. Cyril Bennasar, se souvenant de ses années de collège à Saint-Chéron, se demande comment, quarante ans plus tard, devant ce même établissement, une collégienne de 14 ans a pu être poignardée à mort. L’enquête d’Erwan Seznec dans certains « quartiers » montre que la surenchère indigéno-racialiste chez de nombreux politiciens est motivée par leur supposition hâtive qu’elle sera électoralement payante. Gilles Kepel, se confiant à Causeur, met en lumière l’influence jusque dans ces quartiers français du projet islamiste du président turc qui se présente comme un nouveau calife. Enfin, triste constat que celui de Pierre Vermeren : à la faveur de la pandémie, les peine-à- jouir, l’esprit de prohibition et l’austérité l’ont emporté sur les valeurs de la jeunesse : l’amour, la vaillance, l’intrépidité et la liberté des trompe-la-mort. Pourquoi ? Parce que nos dirigeants font la politique de leurs électeurs vieillissants.
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Une note d’espoir est apportée par Eugénie Bastié qui se confie à Elisabeth Lévy. Dans son livre, La Guerre des idées, la journaliste et essayiste observe avec finesse le champ de bataille intellectuel français. Sa conclusion ? Malgré les sectarismes qui veulent interdire la contradiction, les idées retrouvent le pouvoir. Jérôme Leroy nous rassure aussi : le monde est certes une source de ce que Freud appelait « l’inquiétante étrangeté », mais deux maîtres de la littérature fantastique, Stephen King et Olga Tokarczuk, nous aident à y faire face. Justement, pour Françoise Bonardel, nous pouvons regretter la conquête actuelle de la planète Mars : si c’est une victoire pour la science, c’est une perte pour l’imagination humaine. Emmanuel Tresmontant nous raconte le succès grandissant du saucisson à l’heure du Covid. Cette gloire de la charcuterie française tire profit de notre besoin de confinés de résister à l’ambiance glauque par des apéros soignés. Et puisque certains des meilleurs saucissons sont corses, crions ensemble : « Vive l’Empereur ! »
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