La Troisième guerre mondiale a commencé


La Troisième guerre mondiale a commencé

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Les nouveaux programmes de collège sont donc sortis du chapeau de Mme Vallaud-Belkacem. Je les analyserai en détail peut-être plus tard, mais en les lisant, un point m’a alerté.
Page 301 des programmes, rubrique histoire-géographie du « cycle 4 » (Cinquième / Troisième), on peut lire : « La Deuxième Guerre mondiale, une guerre d’anéantissement ».
Soit (c’est l’hypothèse optimiste) les rédacteurs desdits programmes n’écrivent pas un français réellement exquis — et ignorent la différence entre Seconde et Deuxième. Soit ils ont une info qu’il est urgent de partager. Parce que « Deuxième Guerre mondiale » en suppose une Troisième.

Vous allez me dire : « Mais nous y sommes ! » D’autant que ce n’est pas vous qui le dites — ni moi. C’est Manuel Valls (« Nous ne pouvons pas perdre la guerre de civilisation contre le terrorisme » — et je suis assez d’accord sur ce singulier : nous sommes la civilisation, et l’islamisme, c’est l’absence de civilisation). Avant lui, c’était Umberto Eco en Italie (« Nous sommes en guerre jusqu’au cou »), ou Perez Réverte en Espagne, dans un texte réellement saisissant (« Es la guerra santa, idiotas ! »).
Oui, la troisième guerre mondiale a bien commencé, et les programmes de l’hilote suprême, Michel Lussault, petit télégraphiste de Najat Vallaud-Belkacem et commandant en chef de la Commission Supérieure des Programmes, ont raison d’écrire que 39-45 était « la deuxième ». Parce que la Troisième est là.

Reste à savoir comment la gagner. Nous avons commencé par la perdre, en suivant l’aberrante ligne politique de Laurent Fabius et Pédalo Ier, qui visait à faire de l’élimination de Bachar Al-Assad la priorité. Ces grands naïfs ont cru à l’intox de « l’opposition » syrienne : c’était du tout-cuit, et il n’était pas nécessaire d’écouter Poutine qui avait dès 2012 son propre plan pour éliminer le tyranneau syrien, comme l’a révélé récemment l’ex-président finlandais, Martti Ahtisaari. Puis nous avons continué à la perdre, en envoyant des avions survoler les positions de l’Etat islamique, ce qui doit certainement terroriser des fanatiques bourrés de captagon. Puis nous avons persisté à la perdre en envoyant au sol une centaine de rebelles formés à grand prix (500 millions de $ quand même) par les USA, qui se sont fait découper en tranches fines.
Et nous insistons pour la perdre en laissant entrer n’importe qui n’importe comment en Europe — y compris des djihadistes d’exportation tout prêts à faire leur jonction avec nos djihadistes intérieurs — et en ne comprenant pas que les 10% de musulmans intégristes (au moins : ce sont les chiffres minimaux proposés par les services secrets, les études sérieuses dès 2013 étaient autrement alarmistes) fourniront les bases arrière du terrorisme. Carton plein.

On ne gagne pas une guerre avec des drones — ça aide, mais ça ne fait pas tout. On ne gagne pas une guerre avec de bonnes paroles lénifiantes — dire « Daech » pour ne pas prononcer le mot « islamique », par exemple. Une guerre se gagne sur le terrain. Bombardements massifs, sans chercher à cibler, éventuellement en utilisant des armes non conventionnelles, éradication puis nettoyage au sol. Il n’y a de bon jihadiste qu’un jihadiste mort. Après tout, ils en pensent autant de nous.

P.S : Je ne saurais trop recommander la lecture d’un roman récent, fort bien écrit (un peu trop, même : l’usage de la 1ère personne y crée un effet d’irréalité alors que la cadre se veut étroitement réaliste), passé un peu inaperçu : Le Français, de Julien Suaudeau (Robert Laffont). On y voit un jeune Normand aux yeux bleus, un peu paumé, mal intégré, éducation médiocre, s’incorporer peu à peu, presque malgré lui, à la mouvance djihadiste, et se spécialiser dans les décapitations de prisonniers occidentaux — jusqu’à ce qu’il soit récupéré par les Américains et torturé pour le reste de sa vie, dans un no man’s land juridique qui ressemble assez à l’Enfer médiéval.

Le Français

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*Photo : Sipa. Numéro de reportage : SIPAUSA30131446_000021.



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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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