Elle est de retour. Najat Vallaud-Belkacem, l’inoubliable ministre de l’Education période président normal, vient de signer une tribune dans Le Monde: apparemment, la société tolérerait les violences faites aux femmes…
Coucou la revoilà. On se demandait où était passée Najat Vallaud-Belkacem. Peut-être dans un ashram privé de connexion haut débit. L’ancienne ministre du désastre scolaire se rappelle à notre souvenir avec une tribune délicieusement intitulée : « Violences faites aux femmes : “La tolérance sociale, principale alliée du scandale” ». En fait de tolérance, on peine à trouver un refus plus consensuel. À l’exception d’un ou deux imams mal embouchés, je ne me rappelle pas avoir jamais entendu qui que ce soit déclarer publiquement qu’il était bon de battre sa femme, et je ne connais aucun homme qui le pense, heureusement d’ailleurs.
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Ajoutons que, depuis le début de la glorieuse « révolution #metoo », en octobre 2017, des milliers de tribunes ont été publiées, des dizaines de réunions et de débats télévisés organisés. Le Monde rappelle fièrement qu’il a créé, en pleine affaire Weinstein, une task force de 15 journalistes pour travailler sur les affaires de harcèlement sexuel. « Parce qu’elle est majeure pour nos sociétés, cette thématique doit constituer une de nos priorités éditoriales pour les prochains mois sur tous nos supports », écrivait Luc Bronner dans un courriel adressé à l’ensemble des journalistes de la maison. Tolérance sociale, qu’elle disait. Tu parles.
Najat, les yeux, les oreilles et la queue
On serait bien en peine de trouver en France un politique, un journaliste ou un intellectuel qui n’ait pas proclamé, la main sur le cœur, son adhésion de chaque instant à la cause des femmes. Les imprudents qui se sont risqués à blaguer sur le sujet savent désormais qu’il est déconseillé d’en rire. Seulement, aussi sévère soit la loi, elle ne peut pas encore interdire les mauvaises pensées, ce qui désole notre experte en langue de bois : « Selon une étude récente effectuée par Ipsos, écrit-elle encore, un homme français sur cinq, et un homme américain sur trois, pense que les femmes “exagèrent souvent les cas de viol ou de violences” qu’elles rapportent. La parole se libère certes, pas toujours les oreilles et les yeux de celles et de ceux qui ne mesurent pas la dureté de cette violence quotidienne et tristement ordinaire. » Comme chacun sait, les femmes ne mentent pas et n’exagèrent jamais.
Un Occident peuplé de saintes-nitouches et de prédateurs
Sans doute faut-il répéter qu’à Causeur, nous sommes autant révoltés que Najat Vallaud-Belkacem par les viols, les agressions, les mariages forcés et autres violences subies par les femmes. Mais nous refusons de prendre au sérieux les chiffres invraisemblables ou absurdes qui racontent un Occident peuplé de saintes-nitouches et de prédateurs : ainsi, à en croire une étude de 2015 du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, 100 % des femmes ont déjà été harcelées dans les transports en commun. Tout juste sortie du four, l’enquête sur le harcèlement de rue menée par la Fondation Jean-Jaurès et l’IFOP auprès de 6 000 femmes européennes conclut quant à elle que 86 % des Françaises ont été harcelées au cours de leur vie. Seulement, un peu plus loin, il est précisé que « 18 % d’entre elles affirment avoir été regardées avec insistance, un pourcentage qui grimpe à 71 % quand la question est élargie à l’ensemble de l’existence. » Résumons : 86 % de femmes harcelées, mais seulement 71 % qui ont subi un regard insistant, il faudra m’expliquer.
La science de la communication
Les innombrables militants de l’excellente cause des femmes adorent brandir ces chiffres effroyables qui, reposant exclusivement sur les déclarations des victimes, donc sur leur « ressenti », comme on le dit dans la novlangue contemporaine, sont par nature invérifiables. Donc incontestables. En revanche, on connaît avec précision le nombre de femmes assassinées par leur conjoint. Le 26 novembre, on apprenait de source gouvernementale qu’on avait déploré 109 victimes en 2017, contre 123 en 2016. Imaginons un instant que 2017 ait été plus meurtrière que 2016. Marlène Schiappa aurait lancé un plan d’urgence, les éditorialistes auraient (à juste titre) rivalisé dans la consternation. Curieusement, aucune féministe ne s’est réjouie de cette réduction de 12 % du nombre de victimes. Pour frapper les esprits, on a martelé sur tous les tons que cela faisait une femme tuée tous les trois jours. Aussi révoltant et déchirant soit le sort de ces malheureuses et celui de toutes celles qui, si elles ne meurent pas, subissent au quotidien un connard violent, dans un pays qui compte, à la louche, 25 millions de femmes adultes, cette fréquence prouve pourtant que ces tragédies sont l’exception et non la règle.
Mauvaises gagnantes
Cet acharnement à noircir un tableau qui certes n’est pas tout rose n’est guère surprenant. Comme l’avait joliment résumé Alain Finkielkraut, « les féministes d’aujourd’hui sont de mauvaises gagnantes ». Sans doute comprennent-elles que le statut de victime présumée ou potentielle qu’elles entendent conférer à toutes les femmes est leur meilleure arme dans la lutte des places qu’elles ont engagée contre les hommes.