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C’était la France, qu’est-ce qu’il en reste?

Nahel puis la déclaration de guerres…


C’était la France, qu’est-ce qu’il en reste?
Marseille, 29 juin 2023 © Frederic MUNSCH/SIPA

Pillages, attaques de policiers, émeutes éparses plongeant le pays dans ce qui ressemble de plus en plus à une guerre civile: l’unique certitude d’aujourd’hui est que la mort de Nahel n’est plus qu’un misérable prétexte réduit à presque rien pour mettre notre pays à feu et à sang avec une organisation et des modalités qui contraignent à s’interroger sur leur prétendue spontanéité


Il y aurait de quoi rire si la situation ne devenait pas chaque jour un peu plus préoccupante, voire tragique, pire même : révolutionnaire. En effet lire qu’un Jean-Luc Mélenchon découvre seulement le 30 juin qu’il ne faut pas brûler et détruire les écoles, les médiathèques, les gymnases parce qu’il s’agit de biens communs et que sur un ton paternaliste il conseille aux « jeunes » de cesser ces exactions pourrait prêter à une forme de dérision mais celle-ci serait mal venue. En effet cette réaction ridicule à force d’être tardive montre à quel point depuis le 27 juin les repères traditionnels sont fragilisés, plus même, en miettes. Un autre exemple : après le tweet initial choquant de Kylian Mbappé, on a appris que les Bleus appelaient au calme. Dans quel monde, dans quelle France vit-on pour que ces sportifs talentueux de la tête et balle au pied soient devenus notre ultime recours, le dernier refuge de la sagesse ? Encore une anomalie : serait-il inconcevable qu’à la suite de tant de proclamations incendiaires au propre et au figuré, incitant sans le moindre scrupule ni la plus infime réserve au pire social et racial, les parquets, librement, engagent des poursuites pour provocations à des délits ou à des crimes ? L’unique certitude d’aujourd’hui est que la mort de Nahel n’est plus qu’un misérable prétexte réduit à presque rien pour mettre notre pays à feu et à sang avec une organisation et des modalités qui contraignent à s’interroger sur leur prétendue spontanéité et leur émotivité affichée. On ne peut pas, comme le ministre de l’Intérieur pourtant remarquable dans cette période de délitement quasi total, se consoler avec, paraît-il, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, des attaques d’édifices officiels, des pillages d’armureries, des violences, des dégradations, des incendies de véhicules, des interpellations, des policiers blessés « d’une intensité moindre ». Pourtant le bilan est effrayant qui montre une constance, une persévérance, la concrétisation d’un dessein collectif, une préméditation qui dépasse de très loin les émeutes de 2005 infiniment moins précisément ciblées et politisées, demeurant dans les quartiers et n’enflammant pas délibérément notre pays tout entier. Ce qui se déroule depuis le 27 juin est une machine de guerres sociale et raciale, qui peut profiter accessoirement d’opportunités (par exemple le pillage du centre de Rosny 2) mais qui, à l’évidence, pour l’essentiel, met en branle des forces révolutionnaires d’ultra gauche – appuyées sur les étranges connexions d’Assa Traoré venant sur un mode parasitaire faire dériver toutes les révoltes – dont la finalité est l’exacerbation des tensions sociales et raciales ; pour quelles malfaisantes conséquences ? faire advenir une guerre civile, démontrer l’impuissance du macronisme, préparer un futur cauchemardesque, cultiver l’apocalypse tel un art ? Quand on sait que dans certains villages généralement à l’abri des fureurs conjoncturelles de la capitale ou de la région d’île de France, les habitants étaient prévenus d’avoir à abandonner leur habitation parce qu’on allait les brûler, lorsqu’on apprend que des golfs associatifs étaient saccagés, en constatant mille signes totalement inédits, notamment que des villes traditionnellement épargnées devenaient des lieux de dévastation et de destruction – par exemple Montargis – , on ne peut qu’en tirer la conclusion qu’une certaine idéologie est à la source de tout et qu’une politique, partant d’une faiblesse compassionnelle primitive pour tenter de se durcir au fil des nuits de plus en plus sauvages, n’est pas la bonne méthode. J’ajoute, avec une ironie que je souhaiterais déplacée, qu’un pouvoir même pas capable, trop souvent, de ne pas faire respecter l’ordre républicain par temps calmes est évidemment démuni et désarmé face à une période comme celle qui depuis le 27 juin ne nous rend pas fiers d’une part de notre pays. Ces mouvements pour lesquels la violence est l’outil obligatoire et le choix de lieux emblématiques une stratégie dépassent, et de très loin, le verbe éruptif et décalé de LFI dont les solutions d’urgence pour sortir de la crise sont au mieux clownesques, au pire suicidaires. On comprend pourquoi une frange de pourfendeurs compulsifs de la police, non pas à cause de ce qu’elle accomplit mais parce qu’elle existe, n’a pour ambition que de fragiliser ou de rendre totalement inefficace l’un des derniers boucliers de notre nation, de notre civilisation. Si l’eau tiède continue de couler, les pensées convenues de s’exprimer, l’action au ralenti de se développer, la peur de faire mal aux « barbares » d’être prioritaire, nous sommes perdus. Et dire qu’on chipote encore sur l’état d’urgence !




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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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