Les forces russes ont perdu des centaines de chars dans la guerre contre l’Ukraine, lancée il y a un an. Certains observateurs en concluent que cet engin a fait son temps. Ils se trompent. La Bérézina de la cavalerie russe n’est pas due à des défaillances techniques mais à des erreurs humaines (impréparation, mauvaise stratégie). Cet outil demeure essentiel sur un champ de bataille.
Dès son apparition sur le front de la Somme en septembre 1916, le char a pour mission de fournir une puissance de feu mobile et protégée sur le champ de bataille. Plus d’un siècle plus tard, la sainte trinité feu/mouvement/protection n’a pas changé. Les armées ont toujours besoin de manœuvrer leurs troupes face au feu ennemi, tout en les protégeant pendant leur progression et en les dotant d’une puissance de feu pour détruire les cibles ennemies. Le char combine ces trois capacités en un seul appareil. Pourtant, au printemps dernier, tirant des leçons hâtives de l’offensive russe désastreuse sur Kiev et Kharkiv, certains observateurs [1] ont annoncé sa mort.
De fait, les performances des certaines unités de l’armée russe pendant les premières semaines de la guerre ont pu donner cette impression. En réalité, les échecs des divisions blindées russes en février et mars 2022 s’expliquent moins par les défaillances des matériels eux-mêmes que par les erreurs des hommes qui les emploient et les déploient. Ainsi, les succès des missiles antichars légers, notamment le désormais célèbre Javelin utilisé par les Ukrainiens, ne prouve pas plus l’obsolescence
