Accueil Société Hier Voltaire et Diderot, aujourd’hui Angot et Musso

Hier Voltaire et Diderot, aujourd’hui Angot et Musso

"Nous vivons des temps de grande bêtise"


Hier Voltaire et Diderot, aujourd’hui Angot et Musso
A gauche: Voltaire par Nicolas de Largillierre ©DR ; à droite: Guillaume Musso, avril 2016. SIPA. 00750608_000005

Dans Les Invasions barbares (un film que je ne me lasse pas de revoir, tant il génère d’espoir et de bonne humeur), exactement 1h14 après le début, les vieux copains attablés pour le dernier repas du héros, cancéreux en phase terminale, devisent gaiement.

« L’intelligence a disparu. »

Pierre : « Contrairement à ce que les gens pensent, l’intelligence n’est pas une qualité individuelle, c’et un phénomène collectif, national, intermittent. Athènes, 416. La première d’Electre, d’Euripide. Dans les gradins ses deux rivaux, Sophocle et Aristophane, et ses deux amis, Socrate et Platon. L’intelligence était là. »

Alessandro : « J’ai mieux. Firenze, 1504, Palazzo Vecchio. Deux murs opposés, deux peintres, à ma droite, Leonardo da Vinci, à gauche, Michel-Ange. Un apprenti, Raphaelo. Un manager, Nicolo Machiavelli. »

Pierre : « Philadelphie, USA, 1776-1787. Déclaration d’indépendance et Constitution des Etats-Unis. Adams, Franklin, Jefferson, Washington, Hamilton, Madison. Y a pas un autre pays qui ait eu cette chance-là. L’intelligence a disparu. Et je ne veux pas être pessimiste, mais il y a des fois où elle s’absente longtemps. »

Paris 1745 – Paris 2018

Par gloriole française, rajoutons Paris, 1745, café Procope. Prenant leur café, cette boisson, dit Michelet, qui facilita les Lumières, Voltaire, Diderot, D’Alembert, Condillac, Montesquieu — et Mme du Châtelet. Rousseau, qui vient d’arriver à Paris, n’est pas attablé avec eux, parce qu’il est allé pisser — comme il le fait chaque quart d’heure. De toute façon, il trouve quelque chose à répliquer le lendemain seulement — il a l’intelligence de l’escalier. Ou peut-être est-il au Café de la Régence, observant une partie d’échecs qui oppose « Philidor le subtil » à « Legal le profond » — les deux épithètes sont dans le Neveu de Rameau. Diderot, qui était doué d’ubiquité, est là également. Il discute éternité de l’âme et fesses de donzelles avec La Mettrie ou Helvétius — car les vrais grands philosophes savent tenir des propos légers. Mais pas que.

A lire aussi: Faites-vous mal: lisez le Nouveau Magazine littéraire!

Et aujourd’hui… Dans un café à la mode du XIe arrondissement, Guillaume Musso, Eric-Emmanuel Schmitt et Marc Lévy parlent chiffres de ventes avec Christine Angot. Entre Bernard-Henri Lévy, accompagné de l’un des comptables de ses sociétés de gestion de patrimoine. Anna Gavalda les rejoindra un peu plus tard. Dans un coin, attablé seul afin de mieux capter le regard du photographe, Philippe Delerm boit sa bière à petites gorgées. La généralisation du principe de petit plaisir, en annulant le…

>>> Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

C'est le français qu'on assassine

Price: 53,00 €

1 used & new available from 53,00 €

Les Invasions barbares [Import]

Price: 3,50 €

100 used & new available from 0,86 €



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Causeur : l’amour après Weinstein
Article suivant Le Moi de Basile: plus le niveau baisse, plus le ton monte
Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération