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La Pologne bâtit le mur du çon


La Pologne bâtit le mur du çon
Frontière entre la Pologne et la Biélorussie, région de Hrodna, 10 novembre 2021 © Viktor Tolochko/SPUTNIK/SIPA Numéro de reportage : 01047790_000015

La Pologne, pour se protéger de la vague migratoire que lance sur elle la Biélorussie, a décidé de construire un mur à sa frontière. Une décision d’une efficacité douteuse.


En 2010, un jury malicieux, à l’oral du CAPES d’Histoire-Géographie, donna pour sujet d’exposé « les murs ». Comme me le fit remarquer l’un des membres du jury, il y avait de quoi faire : la difficulté était de coupler une analyse en synchronie (à quoi servent les murs — ou plutôt, servent-ils à quelque chose) avec une analyse en diachronie, de la Grande Muraille au Mur de Berlin (ou même celui que les Israéliens ont construit pour essayer de réguler les trafics le long de la « ligne verte » qui les séparent de la Cisjordanie).

Les candidats qui aujourd’hui seraient confrontés à un tel sujet y rajouteraient sans doute la barrière érigée par Trump pour refouler les latinos, celle construite à Paris (par l’Etat, Hidalgo n’y avait pas pensé) pour isoler la capitale des consommateurs de crack de Pantin, ou le mur que la Pologne a commencé à bâtir pour se prémunir des foucades de son voisin biélorusse, qui fait du chantage à l’immigration en instrumentalisant quelques milliers de réfugiés syriens et kurdes qui, en attendant, meurent de froid. « L’entreprise que nous devons mener à bien est un investissement absolument stratégique et prioritaire pour la sécurité de la nation et de ses citoyens », a ainsi déclaré le ministre de l’Intérieur polonais, Mariusz Kaminski. L’ouvrage, qui devrait être livré au premier semestre 2022, coûtera environ 353 millions d’euros et devrait s’étendre sur 180 kilomètres – soit environ la moitié de la longueur totale de la frontière séparant la Pologne de la Biélorussie.

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Parce que comme tous les échecs, celui-ci a un prix.

La meilleure défense c’est l’attaque

Alors, écoutez bien : aucun des grands murs édifiés par des empires souverains n’a réussi à contenir des envahisseurs. Aucun. Ni, d’ailleurs, aucune frontière naturelle : César avait passé le Rhin pour régler un différend frontalier avec les Germains, qui en retour submergèrent l’espace gallo-romain — jusqu’à l’Espagne pour ceux qui avaient franchi le Rhin, jusqu’en Kabylie pour ceux qui avaient passé le Danube. Les murs ne marchent pas — si je puis dire. Et les manuels de jeu d’échecs sont pleins d’exemples de roques démantelés par une attaque vigoureuse, laissant tout nu le Roi qui se croyait à l’abri derrière son mur de Pions.

Parce que la meilleure défense, c’est l’attaque.

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L’immigration a pollué pendant deux heures le dernier débat entre les candidats à la candidature chez LR. Et les propositions avancées étaient, pour l’essentiel, des vœux pieux. On n’arrête pas l’immigration sauvage avec un référendum, on ne dissuade pas les pseudo-mineurs d’envahir la France en les menaçant d’un test osseux (cela s’est fait il y a une quinzaine d’années, il fallait mobiliser trois ou quatre hommes et quelques toubibs, en sus du matériel, pour réaliser un test qui au mieux vous indique que le client a entre 16 et 30 ans), on ne va pas divertir des milliers d’hommes pour contrôler l’absence de papiers — ils ont autre chose à faire.

La bombe à retardement démographique africaine

Alors, certes, il faut opérer des contrôles aux frontières — et pas uniquement aux check-points routiers : à la belle saison il y a trente ou quarante itinéraires qui permettent de passer discrètement d’Italie en France. Et pour avoir parcouru le GR10, je sais qu’il y en a autant entre l’Espagne et l’Hexagone. Y compris en voiture : la dernière fois que je suis passé par la D618A, il n’y avait personne — mais alors, personne — au poste de douane qui marque la frontière vers l’Andorre.

Quant à l’idée de dissuader les Africains, par exemple, de venir en Europe en investissant dans les pays d’origine, c’est une utopie coûteuse. Dans quelques années, non seulement le Nigéria comptera plus d’habitants que les Etats-Unis, mais à, l’horizon 2050, il devrait être le troisième pays le plus peuplé de la planète : la bombe démographique est une bombe politique.

Et vous n’interdirez jamais — en tout cas, pas avec un mur — à des populations déshéritées, menacées de surcroît par le réchauffement climatique sur tous les bords de mer, de rêver à un ailleurs plus confortable.

Pensez : nous ne sommes jamais parvenus à dissuader nos immigrés anciens à rentrer chez eux. Lionel Stoléru leur proposait 10 000 francs (le « million Stoléru ») en 1977, fort peu en ont profité. Au contraire, grâce au regroupement familial décrété par Giscard, ils ont joué la carte de l’intégration.

En Chine, fais comme les Chinois !

Seulement, voilà : jamais on ne les a laissés s’intégrer. On les a parqués dans des cités-ghettos, dans lesquelles on a construit des écoles-ghetto où sous prétexte de respecter leurs différences (ça, c’est du racisme ou je ne m’y connais pas), des profs de gauche leur ont dispensé un enseignement au rabais, donnant moins quand il fallait proposer plus. D’ailleurs, ça continue, les élèves entrant en Sixième, tout récemment testés, ont à 33%, dans les établissements de REP +, un niveau de CE2, et 31% sont encore en-dessous. Et ça, ce sont des chiffres officiels. Parlez-en aux profs de Français de collège.

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Il faut certainement dissuader en amont, et utiliser tous les moyens pour empêcher les flux migratoires d’envahir notre pays, comme dans le Camp des saints, le fameux roman de Jean Raspail. Mais il faut déjà intégrer les immigrés qui sont déjà chez nous.
Y compris par la contrainte. Les ventiler sur tout le territoire, leur enseigner le français, langue et culture, à hautes doses, interdire et réprimer les comportements déviants (la polygamie, par exemple), surveiller les bons apôtres qui voudraient instiller chez eux des formes ravageuses de l’islam, et les utiliser pour reconstruire l’outil industriel que des politiques très avisés et pas du tout intéressés ont anéanti depuis trente ans. L’Europe sera ravie de donner des crédits pour financer ce type d’action. Et pourquoi ne pas réinstaurer le service militaire afin d’intégrer au mieux ces gens jeunes, pour l’essentiel ? Douze mois sous les armes, avec un menu unique à la cantine.

Après tout, l’Empire du Milieu a jadis intégré des dizaines de millions de Mandchous — et tout ça, ça a fait d’excellents Chinois. Xi Jinping s’est lancé dans une grande politique d’intégration des minorités musulmanes. Qui lui donnerait tort, étant donné ce que sont la Chine et son histoire ?

Ah oui, ça choquera les Droits-de-l’hommistes… Mais qu’en avons-nous à faire ?




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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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