Le livre de Camille Kouchner, La Familia grande, a remis Muriel Salmona sur orbite médiatique. Derrière les notions d’« amnésie » et de « refoulement » traumatiques, dénuées de toute base scientifique sérieuse, la psychothérapeute-militante promeut des thèses dangereuses qui enferment les victimes dans leurs souffrances.
C’est une vidéo grise, comme délavée. Muriel Salmona, psychiatre, est assise au bord d’un canapé, les mains jointes sur les genoux. La caméra de Brut zoome sur son visage alors qu’elle enclenche sa litanie : « À toi, future victime d’inceste, je suis désolée, car tu vas subir un viol commis par l’un des membres de ta famille. C’est intolérable. » La focale se rétrécit sur les yeux noirs de la présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, désormais au centre de l’image. « Tu as certainement moins de 10 ans. Je ne sais pas dans quelles circonstances ça va se passer, mais ton beau-père, ton père, ton frère, ton oncle reviendront certainement plusieurs fois. » Puis l’horreur va croissante. « Je suis désolée pour toi, car si rien n’est fait pour te secourir, te protéger, te soigner, […] cet inceste aura des conséquences très lourdes sur ta santé et ta vie. […] Tu risques de vivre dans la peur. Peur de l’agresseur, peur de subir à nouveau des violences, peur de tout. […] Ce sera très difficile, mais tu essayeras de parler, d’appeler au secours, mais il y a de grands risques qu’on ne t’écoute pas et qu’on ne te protège pas. Tu devras survivre seul aux violences et à leurs conséquences psycho-traumatiques. »
Que fait l’Ordre des médecins ?
La vidéo date du 14 janvier, deux semaines après la parution de La Familia grande, livre dans lequel Camille Kouchner accuse son beau-père Olivier Duhamel d’agissements incestueux sur son frère jumeau alors adolescent, et quelques jours après le limogeage par LCI d’Alain Finkielkraut, coupable de s’être interrogé sur le lynchage médiatique produit par ce genre de révélations. Comme à l’armée, questionner, c’est déjà désobéir. Muriel Salmona voit aboutir le combat de sa vie. Sur #metooinceste, la campagne numérique orchestrée par le collectif NousToutes, elle avait confessé avoir été violée dans l’enfance, ce qu’elle détaillait au magazine Marie Claire : « Je me vois toute seule […] posée sur un […] tabouret, au milieu de plusieurs hommes. […] Je me rappelle juste que des hommes ont “joué” avec moi. Je me souviens des pénétrations digitales. Je ne sais pas s’il y a eu plus que ces actes-là, malgré tous mes efforts pour me rappeler. Après, c’est le trou noir. » L’article était sobrement intitulé « À six ans, ma mère m’a livrée à des pédocriminels ». Et puis, comble de l’alignement des planètes, Salmona n’était pas pour rien dans le geste de Camille Kouchner – qui dit s’être décidée à écrire La Familia grande après avoir lu Le Livre noir des violences sexuelles, publié par la victimologue en 2013 et réédité en 2018. Sur TV5 Monde, Salmona se félicitait d’être « appelée de partout, du monde entier ». Enfin, les choses allaient changer.
