Municipales : Tiens, tiens, revoilà le front républicain


Municipales : Tiens, tiens, revoilà le front républicain

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Avant même le premier tour des élections municipales, le sujet des triangulaires a déjà mis les pieds sur la table. Et il n’est pas prêt de les retirer. À partir de dimanche soir, il sera le principal sujet de débats et polémiques. Et il risque bien de recouvrer des problématiques beaucoup plus nombreuses qu’auparavant.

Il est beaucoup plus facile d’être présent au second tour d’une élection municipale qu’à une élection législative. Là où il faut 12,5 % des électeurs des inscrits pour concourir au second tour lorsqu’on est candidat à la députation, une liste municipale n’a besoin que de 10% des suffrages exprimés. L’abstention, qu’on annonce forte, ne constituera donc pas un frein à la multiplication de ces fameux matches à trois – voire quatre ou cinq. Classiquement, c’est l’UMP qui en est victime.

Le maintien du FN prive le grand parti de la droite de reports de voix substantiels au second tour, alors que le PS bénéficie de ceux des autres listes de gauche. Jean-François Copé a déjà brandi l’épouvantail : en votant FN, les électeurs feraient un cadeau à la gauche et à ses nombreux maires sortants. Cette semaine, le ministre écologiste Pascal Canfin a benoîtement reconnu que ces situations pourraient permettre de sauver les meubles de la majorité PS-EELV. Mais cette configuration, avec le FN est en troisième position, ne sera pas aussi rare que d’habitude. Si elle pourrait se renouveler et gêner l’UMP dans les très grandes villes, comme Marseille, Toulouse ou Strasbourg, d’autres configurations pourraient gêner encore davantage le PS. Dans les villes petites ou moyennes, où Marine Le Pen a réalisé ses meilleurs scores à la présidentielle, le FN pourrait passer devant le PS et parfois même l’UMP. L’ordre d’arrivée y sera beaucoup plus incertain cette année. Certes, si le PS arrive troisième, le fait de perdre la ville en seconde ou troisième position ne change rien au décompte final. Mais le problème est ailleurs pour le parti dirigé par Harlem Désir. Que fera le PS dans les communes où l’ordre d’arrivée sera par exemple le suivant : 1.FN 2.UMP 3.PS ? Se maintiendra-t-il au risque de laisser gagner le parti lepéniste ? Ou se retirera-t-il au profit de l’UMP, poursuivant la stratégie du front républicain ? La question ne s’était pas posée dans l’Oise, à Villeneuve-sur-Lot et à Brignoles, où il était arrivé dans la même position sans la possibilité de se maintenir. Déjà, on pouvait observer des tiraillements, notamment dans l’Oise, où le candidat socialiste local rechignait à appliquer les consignes solfériniennes d’appeler à voter pour le candidat UMP.

Imaginons une commune où le FN atteint 26%, l’UMP 21% et le sortant socialiste 18% avec un taux d’abstention de 45 %. Et mettons-nous à la place du candidat socialiste. Pour l’obliger à se retirer au profit du candidat de l’UMP alors qu’il a encore une petite chance de l’emporter avec le report des voix du Front de gauche et un regain de mobilisation des abstentionnistes, il va falloir faire preuve d’une sacrée force de conviction. Surtout si dans d’autres villes, l’UMP, arrivée cette fois-ci en troisième position derrière le PS, a décidé de se maintenir, comme le souhaitent à la fois Copé et Fillon.

C’est certainement en prévoyant ce genre de dilemme que Jean-Marc Ayrault a décidé de monter au créneau hier. Selon lui, il importe de faire barrage à tout prix à l’élection du moindre maire FN. S’agit-il d’un message envoyé à ses ouailles, tentées d’envoyer le front républicain à la poubelle ? Est-ce une manière de faire pression sur le parti dirigé par Jean-François Copé, mettant sur ce dernier la responsabilité de la fin de ce même front républicain ? Ou les deux ? En tout état de cause, contrairement à la plupart des médias, le Premier ministre a compris que les triangulaires ne seront pas un problème que pour l’UMP.

*Photo :  PASTORNICOLAS/SIPA. 00652972_000006.



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