L’actualité française récente a été marquée par deux évènements majeurs: la radicalisation de la mouvance indigéniste et du collectif « La Vérité pour Adama », et les violents affrontements à Dijon entre communautés tchétchène et maghrébine. Ces évènements, en plus d’illustrer la défaillance de l’État dans ses missions régaliennes, finissent de nous convaincre que le modèle multiculturaliste mène à une société violente et qu’il est urgent de revenir à un rapport conservateur et enraciné au monde.
Lévi-Strauss, lors d’une conférence intitulée Race et Culture et prononcée en 1971 à l’UNESCO, défendit la thèse très conservatrice selon laquelle les sociétés doivent maintenir un certain degré de protection culturelle pour pouvoir subsister. Cette prise de position en choqua plus d’un, surtout chez de nombreux intellectuels de gauche. Elle fut pourtant parfaitement cohérente avec ce qu’il constata tout au long de sa vie : une société, pour exister, doit se caractériser par un ensemble de mœurs relativement homogènes qui la définissent de manière exclusive par rapport aux autres. Tel un prophète, Lévi-Strauss souhaitait-il nous mettre en garde contre la doxa diversitaire et multiculturaliste qu’il sentait arriver ? Si une société harmonieuse implique une certaine uniformité culturelle, alors la “société multiculturelle” devient un oxymore, l’obscure clarté d’une idéologie fondée sur l’inversion du devoir d’intégration. Si le pays d’accueil doit se transformer, en reniant ce qu’il est, il perd son statut et son identité héritée de son histoire, de sa culture et des modes de vie qui en découlent. Le ciment qui fonde l’unité de la Nation se fissure au profit de communautarismes qui se développent côte à côte et risquent, selon l’expression même de Gérard Collomb au moment de sa démission du Ministère de l’Intérieur, de se faire face.
« La civilisation est un bien invisible puisqu’elle porte non sur les choses, mais sur les invisibles liens qui les nouent l’une à l’autre » écrivait Saint-Exupéry. Une société ne peut se résumer à la somme des unités qui la composent ; il faut une certaine uniformité à même de les unir. Le multiculturalisme, quant à lui, prétend être gage de paix perpétuelle par le dialogue, la négociation et le consensus entre des communautés aux intérêts divergents qui pourraient cohabiter sur un même territoire, pour peu que la civilisation occidentale ne soit qu’une option parmi d’autres !
La France réclame un regard conservateur
Pourtant, les faits lui donnent tort. Les sociétés multiculturelles ne sont jamais sereines ni apaisées, et les différentes communautés, centrées sur leurs intérêts divergents, toujours en conflit. La violence des sociétés multiculturelles confirme aussi l’échec de l’homme déraciné. C’est la raison pour laquelle, dans de nombreux pays, les peuples historiques refusent de plus en plus d’être injustement dépossédés de ce qui les définit au profit d’une vision diversitaire du monde. Ils se révoltent, principalement dans les urnes. La montée en puissance de mouvements populistes un peu partout en Occident en témoigne.
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Plutôt que l’utopie de la société ouverte, le conservatisme nous rappelle que l’Homme a besoin d’enracinement et la société d’une certaine homogénéité culturelle pour pouvoir durer. Les premières tendances de notre grande consultation, Le conservatisme, un espoir pour la France ? qui s’achève dans quelques jours, sont claires. La France réclame un regard conservateur, non pour nier les errements de son passé ni pour en porter à vie une responsabilité de pénitents agenouillés, mais pour retrouver la fierté et la grandeur de la civilisation occidentale. La transmission de la mémoire commune et la formation du jugement critique sont des impératifs qui s’érigent en remparts contre l’enseignement doctrinal de l’oubli et du renoncement.
Patriotisme enraciné
Pour autant, la cohésion culturelle nécessaire à une société heureuse n’implique pas le refus d’une certaine altérité. Être Gascon, Breton, Bourguignon, n’empêche pas d’être aussi Français. L’enjeu est la subordination de tous à une culture prééminente, une culture française unifiante qui chapeauterait ses composantes. Un tel projet n’est possible que s’il existe une proximité et une certaine compatibilité culturelle entre les communautés qui ambitionnent de partager leurs racines afin de s’unir dans un destin national commun. Il en va de même pour les membres de communautés étrangères qui aspirent à rejoindre la communauté nationale française : il faut le dire, certaines ont des mœurs trop antagonistes aux nôtres pour partager l’esprit français.
Face à l’idéologie multiculturaliste qui cherche à s’implanter chez nous, Sens Commun défend un patriotisme enraciné et décomplexé. Un arbre sans racine est un arbre mort ! Intégrer une population culturellement très éloignée n’est possible que si le greffon adhère à la sève de la Nation pour partager les mêmes racines, s’abreuver à la même source et croître ensemble. Nous avons, pour peu de temps encore, le choix de mettre en œuvre une vraie politique d’assimilation, à condition de ne pas craindre les foudres progressistes ni les tempêtes de la bien-pensance. Ce devoir accompli, nous pourrons dire avec Sénèque “Seul l’arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient”.
Consultation ouverte à tous encore quelques jours…
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