Vus de France, les Britanniques paraissent incarner le multiculturalisme assumé, pour le meilleur et pour le pire. Outre-Manche, cette doctrine, qui n’a jamais joui d’un statut officiel, est contestée mais largement pratiquée localement. Cependant, il n’y a pas consensus sur une identité nationale partagée par tous.
« Londres n’est plus vraiment une ville anglaise. » Ce propos hautement coupable n’émane pas de quelque xénophobe militant, mais de l’acteur et scénariste comique John Cleese, ancien membre des Monty Python, qui d’habitude affiche des opinions très libérales. Pourtant, son intervention à la télévision australienne en 2011 a provoqué un esclandre. Pure coïncidence, c’est en 2011 que le dernier recensement officiel, qui permet le recueil de statistiques ethniques, a révélé que seuls 44 % des Londoniens s’identifiaient comme « Blancs britanniques ». En 1971, le chiffre aurait été de 86 %. Certes, l’appartenance ethnique ne détermine pas nécessairement l’appartenance culturelle et Cleese s’est défendu contre les inévitables accusations de racisme en prétendant qu’il parlait en termes culturels, exprimant une nostalgie pour un mode de vie aujourd’hui balayé par la mondialisation. Mais cette défense a été disqualifiée, au nom des bienfaits indiscutables de la diversité en 2011 par le maire conservateur de Londres, Boris Johnson, et en 2019 par une déclaration véhémente de son successeur, le travailliste Sadiq Khan. Le multiculturel est d’emblée supérieur au monoculturel.
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