Accueil Édition Abonné Out of Africa

Out of Africa


Out of Africa
Le roi Mswati III d'Eswatini au stand Kalashnikov au sommet et forum économique russo-africain, à Sotchi, Russie, 2019 © Donat Sorokin/TASS/Sipa USA/SIPA Numéro de reportage : SIPAUSA30187161_000012

Le roi Mswati III a-t-il fui son pays ? Souverain du royaume d’Eswatini, il est le monarque absolu d’une petite monarchie méconnue d’Afrique et fait face à de vastes manifestations populaires.


Le roi Mswati III a t-il fui son pays ? C’est la question que se pose toute la presse africaine depuis hier. À la tête de son pays depuis 1986, rebaptisé Eswatini depuis deux ans, il est l’un des derniers monarques absolus du continent africain. Concentrant l’essentiel des pouvoirs entre ses mains, son train de vie dispendieux est critiqué par une population à bout de souffle et qui ne supporte plus l’absence de tout processus démocratique, qui permet au souverain de nommer ses premiers ministres selon son bon vouloir. C’est le meurtre impuni d’une jeune étudiante, ces derniers jours, qui a jeté le feu aux poudres dans l’ancien Swaziland désormais secoué par de violentes manifestations antimonarchiques.

À lire aussi: En Namibie, le nazisme n’est pas mort

« Je voudrais assurer le peuple d’Eswatini et la communauté internationale que le roi Mswati III est dans le pays et continue de s’acquitter de ses responsabilités afin de continuer au développement du royaume d’Eswatini ». Peu de temps après que la South African Broadcasting Corporation (SABC) ait annoncé le départ du souverain vers Johannesburg, sans toutefois pouvoir confirmer l’information, le gouvernement du Premier ministre par intérim, Themba Masuku, a formellement démenti son départ à l’étranger alors que le royaume est en proie à l’anarchie. Pillage de magasins, usines incendiées par des mystérieux inconnus, l’armée a été déployée dans les principales villes du pays afin de juguler les manifestations qui ont éclatées ces derniers jours, réclamant plus de démocratie au sein de cette enclave sud-africaine. Suspendue depuis 1973 par son prédécesseur, le roi Mswati III a toujours fait fi de la constitution calquée sur le modèle britannique, ancienne puissance colonisatrice, et a instauré un véritable régime autoritaire qui ne laisse aucune place aux partis ou presse d’opposition obligés de s’exiler hors du royaume.

Une situation explosive

À la tête d’une considérable fortune, estimée à plus de 200 millions de dollars, son train de vie contraste drastiquement avec celui de ses sujets astreints à vivre avec moins de deux dollars par jours, à l’avenir incertain dans un pays montagneux durement touché par les virus du SIDA et le Covid. Le parlement, largement assujetti à cet ubu-roi qui gouverne par décrets, a accusé l’opposition de répandre de fausses informations et de tenter de manipuler les étudiants. Un des nombreux fils du roi (il a 14 épouses) a même affirmé publiquement « qu’il n’y avait pas d’oppression au Swaziland, que les swazis étaient tout simplement paresseux qu’ils devraient rentrer chez eux et cultiver leurs champs au lieu de chercher à s’éduquer ». Une déclaration qui a mis en colère, Kenneth Kunene, secrétaire-général du Parti Communiste du Swaziland, qui a rétorqué en appelant à la fin du système monarchique. «Quelle que soit la vérité sur l’endroit où se trouve le roi, la situation sur le terrain dans le pays est extrêmement volatile (…). Certaines informations nous sont parvenues selon lesquelles des manifestants auraient été tués par l’armée ou la police » a indiqué dans un communiqué le porte-parole du Swaziland Solidarity Network, Lucky Lukhele. Cette même organisation à l’origine de la rumeur affirmant que le roi Mswati III a quitté le pays avec son jet privé.

À lire aussi: Éthiopie, Égypte, Soudan: intense stress hydrique autour du grand barrage de la Renaissance

Alors que le gouvernement a annoncé un couvre-feu sur l’ensemble du royaume, opposition comme manifestants ont appelé la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) à intervenir militairement et instaurer un régime de transition afin de mettre en place de nouvelles élections démocratiques. Pour autant rien n’indique  que les « séditieux » souhaitent réellement la fin de l’institution royale.




Article précédent Nicolas Rey: la légèreté, cette erreur fatale
Article suivant Equipe de France: le beauf et les spécialistes avaient raison
Journaliste , conférencier et historien.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération