Un ami à moi, professeur émérite d’histoire à la Sorbonne, vient de publier un ouvrage écrit à quatre mains avec son épouse[1. Tu nous as quittés, de Daniel et Françoise Rivet (Armand Colin).] qui fait l’histoire des annonces nécrologiques du carnet du Monde de sa création en 1944 à aujourd’hui.
Voilà au moins une chose dont la Toile ne s’est pas emparée. On continue à mourir sur le papier : les quotidiens nationaux et régionaux nous amènent chaque jour une fournée de macchabées plus ou moins sincèrement regrettés par leur famille, parents et alliés.
[access capability= »lire_inedits »]Dans la presse nationale, Le Figaro et Le Monde sont les leaders incontestés de ce type d’annonces. Seuls quelques vieux bab’s choisissent de mourir dans Libération en utilisant une prose nécrologique post-soixante-huitarde. Le contingent des curés de campagne « rappelés par le Seigneur » étant en voie d’extinction définitive, le carnet de La Croix est devenu squelettique.
Mourir est aujourd’hui beaucoup plus compliqué que jadis. D’abord, on n’est jamais à l’abri de l’acharnement thérapeutique d’un toubib qui met un point d’honneur à vous conserver dans ce bas monde le plus longtemps possible.
De plus, si la religion ne vous a pas rattrapé au seuil du grand passage, il va falloir que vous même, ou votre famille en cas de décès brusque et inattendu, formuliez des souhaits pour vos obsèques.
Crémation ou inhumation ? Bach ou Mozart ? Le Monde ou Le Figaro ? C’est pourquoi quelques solides mécréants finissent par craquer, et confier aux professionnels de la profession, curés, pasteurs, rabbins ou imams le soin de procéder aux rites indispensables au bien-être des survivants à défaut de garantir la vie éternelle au défunt.
La seule règle qui transcende les différences religieuses et s’impose également aux incroyants fut formulée il y a bien longtemps par ces futés de Romains : De mortuis aut bonum, aut nihil ; des morts, on dit du bien, sinon rien. C’était juste pour causer…
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