Le cheeseburger tiède, est-ce la guerre froide qui continue par d’autres moyens ? Toujours est-il que la justice russe (les amateurs de guillemets peuvent en rajouter à volonté, façon ketchup) vient de mettre en examen Ronald McDonald. C’est une image, bien sûr : en vérité, c’est la fondation du même nom qui fait l’objet d’une enquête du parquet de Moscou.
On savait depuis plusieurs semaines que la fondation, dont la raison sociale est l’aide aux enfants, notamment en milieu hospitalier, était l’objet d’une flopée de critiques. Ces soupçons étaient principalement alimentés par le député « Russie Juste »[1. Parti modérément pro-Poutine et ultra pro-life, dont Wiki nous dit par ailleurs qu’il est membre de l’Internationale socialiste, hi, hi, hi.], Andreï Kroutov – qui, selon Les Izvestia, a demandé, début septembre, au Procureur général de Moscou de fourrer son nez dans les comptes de Ronald. Ce qui fut fait un mois plus tard : la responsable de la branche russe de la fondation a confirmé à l’AFP qu’elle venait d’être sommée par le proc de Moscou de fournir la preuve que la totalité des sommes récoltées ont bien été affectées à de justes causes. Affaire à suivre.
On s’en doute bien, la Fondation clame son innocence, mais on n’est guère optimiste pour le camarade Ronald. On sait que McDo s’est fait mal voir du Kremlin après sa décision de fermer ses établissements en Crimée, l’été dernier. On sait aussi que depuis, les fermetures de restaurants de la marque se sont multipliées en Russie. On sait enfin qu’il n’y a aucune raison de penser que le Parquet de Moscou soit plus indépendant du pouvoir politique indigène que ses équivalents de Paris, New-York ou Cotonou.
En tant qu’ami sincère de la justice juste et des droits de l’homme, je suis inquiet. En tant qu’amateur exclusif de Whopper, je me marre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !