Nicolas Makazeros est mort à 90 ans, le 4 août. Il faisait partie de la junte militaire, les fameux « colonels » qui installèrent le 21 avril 1967, avec l’aide logistique de la CIA, une dictature qui devait durer sept ans. La gauche était alors, bien entendu, sur le point de remporter les élections. Incompétents, incultes et brutaux, les colonels grecs interdirent notamment l’étude de Platon et de Socrate pour homosexualité.
Artilleur, Nicolas Makazeros se montra particulièrement féroce lors de la répression d’une grève étudiante de l’école polytechnique d’Athènes en 1973. Avec ses comparses, il fut lui-même renversé par le chef de la sécurité Ioanidis, tout aussi nullissime que ses prédécesseurs puisqu’il fut incapable de résister à l’invasion turque de Chypre qu’il avait lui-même provoquée, ce qui fit s’effondrer la dictature.
Condamné à mort pour haute trahison, Makazeros vit sa peine commuée en détention à perpétuité, sans doute parce que la sagesse antique, contrairement à la justice américaine, interdit la mise à mort d’attardés mentaux.
Libéré, Makazeros passa la fin de sa vie à tripoter un komboloï et à jouer au jacquet, avec le regard vide si caractéristique des brutes galonnées.
En revanche, l’écrivain Manolis Glezos, membre du Parti communiste, qui décrocha le 30 mai 1941, alors qu’il avait à peine vingt ans, le drapeau nazi qui flottait sur l’Acropole, se porte toujours à merveille et continue de recevoir aimablement ses admirateurs dans son île natale de Naxos. Il doit être content, le vieux camarade et je lui dis à bientôt.
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