Par nature dépressif, l’homme moderne a bien du mal à ne serait-ce que sourire devant le spectacle affligeant du « monde tel qu’il ne va pas » (Chesterton)…
Il lui arrive cependant, certains jours, au début du printemps, entre deux averses, d’échapper comme par miracle à la morosité qui mine ses journées solitaires et, durant ces moments fugaces, de risquer de mourir de rire en prenant connaissance des absurdités qui, la veille encore, l’accablaient – ce qui est a priori plus plaisant que d’agoniser la tête dans le four à gaz. Ces derniers temps ont été riches en pitreries en tous genres. Profitant d’une humeur primesautière passagère, votre serviteur a colligé les plus savoureuses parmi celles qui ont failli le faire passer de vie à trépas dans un dernier éclat de rire.
Mort de rire 1 : en entendant Roselyne Bachelot, toute de rose bonbon vêtue, se moquer du physique du roi Charles III et des « vêtements de carnaval » qu’arboraient ce dernier et ses invités pour son couronnement. Elle a vu, dit-elle en parlant du couple royal, « deux glands » au balcon. De la même manière qu’il existe une « bêtise du second degré » (Rosset), il existe une vulgarité du quatrième pouvoir – Mme Bachelot réussit la prouesse de cumuler les deux. Sur BFMTV, accoudée à son pupitre comme un poivrot à son comptoir, tout le dentier à l’air, attifée faut voir comme, la commère médiatique a lâché son venin contre la monarchie britannique. Cette cancanière, qui aura passé sa vie, empaquetée dans des toilettes aux couleurs aussi criardes que sa voix, à médire sur ses congénères politiques et à ricaner sur les plateaux de télévision, donne des leçons de maintien à la royauté anglaise – je me tiens les côtes !
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Mort de rire 2 : en apprenant qu’Adèle Haenel arrête le cinéma pour se lancer dans une carrière révolutionnaire. Ici, la bêtise est au premier degré. C’est de la bêtise bêtasse, de la bêtise brute, sans chichi. Adèle Haenel est l’archétype de l’individu nombriliste, abruti et inapte à toute réflexion personnelle. Après avoir pioché dans les tracts de Révolution Permanente le peu de vocabulaire politique qu’elle connaît, la voici qui se répand dans les AG des universités ou dans quelques obscures officines gauchistes. Le regard halluciné et haineux, cette révolutionnaire de comédie ne comprend pas la moitié de ce qu’elle dit. Elle mâchonne généralement des bribes de phrases incohérentes desquelles émergent les mots patriarcat, capitalisme, écocide, biodiversité, virilisme, etc., c’est-à-dire toute la bouillie wokisto-écolo-gauchiste. Haenel parle comme Despentes écrit, c’est-à-dire mal. En Chine, dans les années 60, elle aurait fait une très vigilante Garde rouge assidue aux tâches de rééducation des « bourgeois » qu’elle déteste de tout son cœur puisqu’elle n’a d’amour que pour « celleux » qui « organisent la résistance » et « essayent d’arracher un avenir à cette planète », gribouille-t-elle dans sa lettre de démission. Le cinéma français perd une actrice qui n’avait aucun talent, il n’y a donc pas grande perte. Et je me réjouis d’avance en pensant aux camarades révolutionnaires qui vont se coltiner cette truffe et qui, au bout d’un moment, inévitablement, vont la trouver saumâtre.
Mort de rire 3 : en constatant que c’est dans Télérama, c’est-à-dire le magazine le plus bobo qui soit et dont le lectorat est un concentré de tout ce que hait Adèle Haenel et, en même temps, de tout ce qu’elle représente – une petite-bourgeoisie éprise d’elle-même, toujours prête à se laver la conscience en public et à donner des leçons de morale, culturellement cultureuse, c’est-à-dire netflixienne et trapenardienne, moutonnière et conformiste – qu’Adèle Haenel s’est épanchée. Histoire de nous achever, Libération prend le relais et « salue l’acte politique » de l’actrice, tandis que Le Monde sonde tous les faux-culs du 7ème art qui, « admiratifs », évoquent son « courage ». Pitié, laissez-nous le temps de respirer !
Mort de rire 4 : en découvrant que “Le prix du passage”, film représentatif du cinéma engagé qu’Adèle Haenel appelle de ses vœux puisqu’il narre les aventures de Natacha et d’un migrant irakien « improvisant une filière artisanale de passages clandestins », complète la longue liste des films à message immigrationniste que personne ne va voir : après trois semaines d’exploitation, le nombre d’entrées culmine à 7300, dont… 31 entrées pour la seule troisième semaine. Ça sent le sapin. Ceci dit, c’est beaucoup mieux que la dernière daube de BHL (“Slava Ukraini”, 1024 entrées en tout) qui elle-même surpassait l’avant-dernière réalisation du même BHL, “Une autre idée du monde”, qui a en effet réussi l’exploit d’attirer 152 spectateurs lors de sa première et… dernière semaine d’exploitation.
Mort de rire 5 : en baguenaudant sur le compte Twitter de Sandrine Rousseau. Un trésor. Une mine. En plus des tweets, la députée EELV inclut des vidéos de ses passages à la radio ou à la télé, morceaux choisis de toutes les âneries qu’elle a pu proférer. Un coup de moins bien ? La sensation de ne pas être intellectuellement au mieux ? Une seule solution, un seul remède, plutôt que de vous désoler sur vous-même, comparez-vous à Sandrine Rousseau en visitant son compte Twitter. Si, pour une raison ou une autre, celui-ci est inaccessible, vous pouvez vous requinquer l’hypophyse en vous rabattant sur ceux de Mathilde Panot ou de Louis Boyard. Je peux vous assurer qu’après avoir vu ça, même le plus neuneu des neuneus se sent pousser des ailes, intellectuellement parlant bien sûr.
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Mort de rire 6 : en voyant, sur différents plateaux, le visage inspiré et concentré des journalistes gobant la prose insipide du plus lamentable des professeurs d’université gauchistes, j’ai nommé Mathieu Slama, le chienchien à sa mémère mélenchoniste, le mètre-étalon de la bêtise du second degré.
Mort de rire 7 (a): en entendant le rappeur Maître Gims expliquer que les pharaons avaient l’électricité à tous les étages de leurs pyramides.
Mort de rire 7 (b) : en entendant Rama Yade prendre la défense du rappeur et revisiter l’histoire du continent africain. Bon d’accord, dit-elle, Master Gims en a un peu rajouté à propos des pyramides presque nucléaires mais, « dans l’esprit », il n’avait pas tort : l’Afrique, du néolithique à l’antiquité, a devancé l’Europe en tout, science, agriculture, art, etc. L’humoriste Rama Yade est actuellement en tournée aux États-Unis. Il nous tarde de connaître les prochaines dates de sa tournée en France.
Mort de rire 8 : en apprenant, sur France Inter, de la bouche de notre ministre de l’Éducation nationale, comment celui-ci compte faire rattraper aux élèves les heures perdues de mathématiques à cause de l’absence, pour cause de maladie, d’un professeur de mathématiques remplacé par un professeur d’anglais qui, naturellement, n’aura dispensé que des cours d’anglais. Il suffira, dit Pap Ndiaye, d’attendre que le professeur d’anglais tombe malade à son tour, et de le faire remplacer par le professeur de mathématiques revenu de son congé maladie qui, naturellement, dispensera des cours de mathématiques à la place de ceux d’anglais, rattrapant ainsi son retard. On dirait un sketch des Monthy Python.
Mort de rire 9 : en entendant le cri d’horreur poussé par Adjoa Andoh. Cette actrice britannique d’origine ghanéenne a été profondément choquée par les cérémonies du couronnement de Charles III. Motif ? « C’était terriblement blanc », a-t-elle dit en désignant le balcon du Palais de Buckingham. Il faut dire qu’Adjoa Andoh a joué dans la série américaine “La Chronique des Bridgerton”. Bien que se déroulant pendant la régence anglaise du XIXe siècle, ladite série joue à fond la carte de la diversité au mépris de la vérité historique : jamais haute société anglaise n’aura compté autant d’individus noirs ou métis parmi ses membres. On comprend mieux la déception d’Adjoa Andoh qui a dû prendre pour argent comptant la conception toute netflixienne de l’histoire du Royaume-Uni. Sans doute croit-elle également que la deuxième épouse d’Henry VIII était noire : la BBC a en effet diffusé en 2021 une mini-série sur la vie d’Anne Boylen dans laquelle cette dernière était interprétée par Jodie Turner-Smith, une actrice… noire.
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Mort de rire 10 : en lisant quelques passages de la dernière production de la Castafiore guyanaise, Christiane Taubira, une pièce de théâtre intitulée Frivolités – titre affriolant mais mensonger. C’est lourd, très lourd ; et drôle, très drôle tellement c’est lourd. Dans ce fourre-tout revendicatif et woke, des femmes de différentes ethnies dénoncent les Blancs, l’Occident, la colonisation, le capitalisme, la masculinité toxique et la police en écoutant des chansons d’Anne Sylvestre et de James Brown ou en tapant sur des tambours. Certaines répliques semblent avoir été écrites par Sandrine Rousseau : « En effet il ne suffira pas de virer les hommes, il faut monter les bas salaires, plafonner les dividendes, interdire la chasse à courre, contrôler les pesticides, alléger les abattoirs, réduire le temps de travail… » – d’autres par Lilian Thuram : « Cette ignoblerie de Blancs qui vendent des Noirs, ça a laissé plein de traces dans le racisme aujourd’hui encore ». Musicalement, il est prévu, entre autres, une « prestation de washboard lors du dialogue sur l’endométriose (sic) », dialogue durant lequel les mégères taubiresques envisagent que le mot « endométriose » devienne « une injure au masculin : ce salaud d’endométriose, par exemple ». David Bobée, le directeur woke du Théâtre de Lille et cofondateur du collectif “Décoloniser les arts”, semble tout désigné pour mettre en scène cette grotesque farce, ce boudin théâtral. J’ai hâte de voir ça.
Mort de rire 11 : en apprenant que Charline Vanhoenacker et sa bande de ricaneurs sont virées de la prochaine grille quotidienne de France Inter. À gauche, le milieu culturo-médiatico-politique est tout retourné. Aymeric Caron, le brocoli poivre et sel de la Nupes, est très inquiet et s’interroge sur Twitter : « Serait-ce un choix politique ? » Télérama craint « une possible dépolitisation de l’humour ». Mona Chollet, à dada sur son balai, frissonne en retweetant l’article de Télérama. La penseuse poitevine, Ségolène Royal, affirme que c’est « incompréhensible ». Libération et L’Humanité sont en émoi. Waly Dia, un autre humoriste pas drôle de la radio publique, appelle à signer la pétition « Sauvons “C’est encore nous” ». Un des « humoristes » de l’émission bientôt défunte, Aymeric Lompret, remerciait il y a quelques mois, sous les ricanements de ses acolytes, « les fachos d’avoir payé [la redevance audiovisuelle] pour qu’on dise que vous êtes des gros cons ! » Finalement, il y a une justice en ce bas monde. Mort de rire !
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