Les sensitivity readers sont le bras armé du puritanisme progressiste en littérature. En expurgeant les œuvres anciennes et modernes, notamment celles de Roald Dahl et Ian Fleming, de toute aspérité et complexité, du moindre mot qui pourrait troubler, voire blesser le lecteur bisounours issu du wokisme, ces censeurs défendent des livres aussi lisses qu’inutiles.
Le grand mouvement actuel de réécriture, voire d’abolition, des œuvres du passé, repose sur une incompréhension totale de ce qu’est la littérature. Et même l’art. La littérature n’est pas une maman qui console et qui rassure, elle n’est pas non plus un grand frère qui montre la voie, avec sa sale tronche d’optimiste souriant, elle n’est pas davantage une marquise pour qui « tout va très bien ». Cioran, dans un entretien de 1973, soutient que « l’on écrit pour faire du mal, dans le sens supérieur du mot, pour troubler… […] tout ce que j’ai lu dans ma vie, je l’ai lu pour être troublé… Un écrivain qui ne me martyrise pas d’une façon ou d’une autre ne m’intéresse pas… Il faut que quelqu’un vous fasse souffrir, autrement je ne vois pas la nécessité de lire. » Kafka, dans sa lettre célèbre à Oskar Pollak du 27 janvier 1904, développe la même idée : « Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? »
Les libertaro-puritains qui veulent la mort de nos classiques
Les partisans de la réécriture des œuvres aimeraient, au contraire,
