
Le feuilleton des affaires politico-financières aura bientôt une bonne trentaine d’années. Trente ans que la classe politique essaie désespérément de reconquérir la confiance de l’opinion en se trompant de diagnostic et en cédant à la double pression des médias et de la justice. Dans ce triangle pervers, les responsabilités sont partagées. Les différentes représentations du cirque médiatico-judiciaire sont pour la presse autant d’occasions, dans une surenchère délétère, de vendre du papier mais aussi de tenir en respect les politiques. La justice, au moins dans une partie des appareils syndicaux jouant sur le corporatisme, y a vu l’occasion de conquérir une indépendance, non pas garantie de l’impartialité nécessaire, mais de véritables pouvoirs qui en ont fait désormais un acteur politique comme vient de le montrer l’affaire Fillon. Les politiques, quant à eux, tout en conservant plus ou moins discrètement les mauvaises habitudes, n’hésitent pas à instrumentaliser les affaires pour affaiblir les adversaires. Depuis 1988, selon la bonne vieille méthode « un fait divers, une loi », une collection impressionnante de textes a vu le jour, chacun d’eux voulant laver plus blanc, aggravant le précédent, affaiblissant les pouvoirs politiques en leur imposant des contraintes irréalistes et en en faisant des cibles commodes pour des institutions judiciaires zélées. Et en mettant à mal, au passage, un certain nombre de principes fondamentaux des libertés
