Le retour des agences de notation sur le devant de la scène médiatique, dont deux viennent de dégrader la France, entre en conjonction avec le succès ébouriffant de Fifty shades of grey. Le roman, miracle de l’autoédition électronique récupéré par des éditeurs malins qui en ont fait un succès planétaire, raconte les émois SM d’une gourdasse, comme tout le monde le sait à moins d’habiter une yourte en Mongolie, ce qui parfois, par les temps qui courent, fait très envie. Elle trouve son bonheur dans le fait d’être sadisée par Christian Grey, un homme d’affaires. L’homme d’affaires en question aurait pu aussi bien travailler dans une agence de notation, c’est à peu près la même technique du doigt mouillé, si je puis dire, appliquée à l’économie réelle des nations et à la foufoune des jeunes idiotes.
Ce qui est intéressant, finalement, c’est que le masochisme, la soumission volontaire, l’humiliation acceptée entre dans l’imaginaire collectif, que ce soit dans celui des gouvernements qui adorent le bondage financier les entravant à tout jamais dans l’austérité ou dans celui de la ménagère de moins de cinquante ans qui, du Wyoming à la Lozère et de la Moravie à l’Alentejo, aime l’idée qu’un homme avec un gros nœud de cravate lui enjoigne d’une voix virile de se mettre à quatre pattes pour venir l’honorer.
Ce n’est même plus Histoire d’O, le chef d’œuvre subversif de Pauline Réage. C’est juste une histoire d’A. A comme dans minable.
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