Récemment disparu, Monte Hellman réalisa en 1971 le plus mystérieux des road movies, « Macadam à deux voies ».
Le réalisateur Richard Linklater a un jour dénombré seize raisons pour lesquelles il fallait absolument voir « Macadam à deux voies » de Monte Hellman, mais peut-être n’y en a-t-il au fond qu’une seule recouvrant toutes les autres, la nature profondément existentielle du film. L’idée de Two-lane blacktop – son titre original – en dépasse la réalisation. Elle fait que vous y repensez plus tard, qu’il vous habite de son silence. Elle fait que « Macadam à deux voies » est à la fois un grand film et un film culte, ou plutôt qu’il a d’abord été un film culte, passé son prévisible échec en salles, avant de devenir à l’usage un grand film, une borne marquant des territoires si peu explorés qu’on pourrait les exprimer par une équation impliquant des variables – Antonioni, Beckett – et une inconnue, le film.
Deux hommes, partenaires plutôt qu’amis, vivotent de courses automobiles officielles ou clandestines. Ils croisent une autostoppeuse qui s’impose à eux. Ils croisent un homme plus âgé, matamore et mythomane. Ils le défient : qui arrivera le premier à Washington D.C ? Puis tout se délite, la course se perd. L’autostoppeuse quitte les deux hommes. La course infinie continue, mais elle n’a plus
