Accueil Société Monsieur Morel et l’hypothèse de la bêtise : Ukraine, Covid, Palestine, immigration, islam, écologie…

Monsieur Morel et l’hypothèse de la bêtise : Ukraine, Covid, Palestine, immigration, islam, écologie…

La bêtise incarnée par le personnage des Deschiens.


Monsieur Morel et l’hypothèse de la bêtise : Ukraine, Covid, Palestine, immigration, islam, écologie…
François Morel, le 8/10/22 à l'occasion du Festival du livre de Mouans Sartoux / PHOTO: Frederic DIDES/SIPA / 01090532_000003

Le débat démocratique à notre époque est miné par la bêtise qui n’est pas l’ignorance mais le refus péremptoire de toute discussion.


Il est habituel de critiquer les idéologies qui sont contraires à nos propres convictions. Pourtant, rien de plus naturel que de croire en ce qu’on pense et de l’affirmer avec force pour convaincre et gagner sur le plan des idées dans les controverses qui agitent l’époque : guerre en Ukraine, politique sanitaire, Palestine, islam, écologie … 

Le débat est nécessaire et il est une des caractéristiques de la vie démocratique. Certes. Mais il est une hypothèse qui n’est jamais évoquée: celle de la bêtise. On se souvient de la série Les Deschiens et de son personnage principal monsieur Morel, joué par l’acteur François Morel. 

Monsieur Morel ne sait rien ou plutôt pas grand-chose, mais il prétend savoir et il affirme avec aplomb ses points de vue et ses certitudes. En un mot, il est péremptoire. Pour moi, il est l’incarnation de la bêtise qui consiste à parler avec aplomb de ce qu’on ne sait pas ou de ce qu’on croit savoir par ouï-dire, en suivant aveuglément les préjugés de l’époque ou ceux d’un milieu. La bêtise n’est pas dans cette certitude, dans cette conviction, mais dans son caractère péremptoire qui ne souffre pas de discussion et qui n’accepte pas le débat. Elle peut être présente chez des personnes très instruites car elle ne dépend pas du niveau d’études, et parfois au contraire, elle y est davantage présente, car les connaissances obtenues dans le système éducatif peuvent servir d’aplomb à cette bêtise péremptoire et sûre d’elle-même. 

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En réalité, la bêtise n’existe pas ou plutôt elle n’est pas une affaire de nature. L’enfant n’est jamais bête : il réfléchit à partir de ce qu’il voit, de ce qu’il sent, de ce qu’il entend. La pensée est une fonction naturelle de l’esprit mais cette pensée peut être empêchée, bloquée par un flux d’émotions, par des peurs elles-mêmes générées dans l’enfance dans le milieu familial et social, par une violence subie d’humiliation, de maltraitance, de culpabilisation. 

La bêtise est héritée à la fois de préjugés transmis mais aussi des préjugés qui sont construits par l’adulte pour retrouver un sens à ce qu’il vit. Malheureusement ce sens est déformé par le besoin de certitude et la peur d’affronter le réel. La croyance idéaliste en des héros intouchables : Hitler, Mussolini, Mao, Zelinsky, Arafat, Mahomet prépare et assure le triomphe des totalitarismes. 

Cette bêtise héritée de la violence infligée à l’enfant persiste chez l’adulte et explique cet esprit moutonnier qui ne remet jamais en question des dirigeants ou des gourous. Ce n’est pas la religion qui est responsable de la soumission et de la violence contre les contradicteurs, les blasphémateurs ou les infidèles mais la bêtise qui accepte et diffuse les superstitions et les croyances des idéologies manichéennes, qu’elles soient religieuses ou athées. La bêtise triomphe quand l’esprit critique et le bon sens disparaissent. Elle prépare les esprits à l’acceptation de la dictature et du totalitarisme. Nous n’en sommes pas loin.

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Essayiste et fondateur d'une approche et d'une école de psychologie politique clinique, " la Thérapie sociale", exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.

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