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Franchement, Monsieur le président, la ménopause est-elle une mission régalienne?

Le billet de Sophie de Menthon


Franchement, Monsieur le président, la ménopause est-elle une mission régalienne?
© Unsplash

Emmanuel Macron est décidément sur tous les fronts, voilà qu’il annonce la mise en place d’une mission parlementaire sur la ménopause.


Au moment où l’égalité hommes femmes, un objectif louable, mobilise entre autres tout ce que le féminisme compte de pasionarias, le gouvernement et tout particulièrement le président de la République ne souhaitent pas être en reste ! Le magazine Elle a publié une interview d’Emmanuel Macron qui ne sait plus où donner de la tête pour protéger la femme, cette espèce animale en danger, incapable de se prendre en main, ignorante de son propre corps, en proie à un corps médical qui n’est pas toujours à la hauteur et ne saurait pas nous informer. On hésite entre irritation et ricanement, stupéfaites devant cette condescendance qui frise l’abus de position dominante.

Les femmes françaises doivent être parées pour le « réarmement démographique » !

Au lendemain de la visite du président chinois, le président de la République, chef de guerre, face à des élections europénnes qu’il ne maîtrise pas, doit-il vraiment s’attacher brusquement aux questions les plus intimes du sexe féminin, dans une réflexion sur le bas-ventre ? Oui, car la condition féminine est menacée de risques gynécologiques, entend-on ! Risques tels qu’ils nécessitent de mobiliser l’Assemblée nationale pour qu’elle instaure incessamment une « mission parlementaire sur la ménopause » (sic). Nous devrions déjà être assistées pour nos règles douloureuses, ignorées semble-t-il des patrons et patronnes ! Il faut donc que l’on nous accorde un jour de congé en complément du télétravail possible pour nos menstruations… comme si depuis toujours cette question ne s’était pas réglée – c’est le cas de le dire ! – entre salariés et employeurs ? Mettons de côté les vraies pathologies comme l’endométriose qui font très justement l’objet de l’attention des médecins. Au point où l’on en est, on s’attend à ce que des « ièlles» ou transgenres crient à la discrimination : qui sont les femmes ? Il vaut mieux en rire qu’en pleurer…

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Tout cela aurait, semble-t-il, un objectif sous-jacent plus subtil : ne faudrait-il pas nous remettre en bonne condition de pondeuses et donc veiller sur nos organes ? Le président nous a averties : nous ne produisons plus assez de bébés, le taux de reproduction diminue, mais l’État veille. Ainsi allons-nous dès l’âge de 20 ans faire un « check-up de fertilité » (obligatoire ?!) contrôlant notre réserve ovarienne et, parité oblige, un spermogramme pour l’espèce dite masculine.

On va par ailleurs mettre le paquet pour donner envie de bébés et pour que les pères aident mieux les mères dès la naissance du bébé avec un congé de paternité plus adapté et mieux payé, un peu moins long semble-t-il. Sur le sujet, on n’a rien demandé à personne : ni aux femmes, ni aux futurs pères, ni aux employeurs, ni aux jeunes couples… Et le désir dans tout cela ? On attend avec intérêt une intervention en la matière, est-ce que cela passera avant le projet européen de dissuasion nucléaire ?

L’État ira-t-il jusqu’à s’occuper du planning de nos weekends?

Toujours dans ce bel élan, et toujours dans Elle, le président de la République s’emporte contre ces pères irresponsables qui, divorcés ou séparés, ne respectent pas leur devoir de père en ne prenant pas les enfants lorsqu’il y a garde partagée ; il faudrait le leur imposer et on serait a priori toutes d’accord sur leur responsabilité, mais comment ? il fallait sans doute qu’Emmanuel Macron s’en saisisse avec une conviction inversement proportionnelle à son irréalisme confondant, car sans lui rien n’avance, qu’on se le dise ! Donc, on va peut-être punir ces pères inconscients ? « Devoir de visite obligatoire », car c’est « intolérable » ajoute le chef de famille (pardon le chef de l’État), que la maman qui avait un projet pour le week-end doive y renoncer parce que le père ne vient pas chercher les enfants le vendredi soir (sic). Personne ne sait comment le gouvernement va résoudre la question. La presse féminine et les psychologues sont en alerte, car c’est négliger un problème beaucoup plus grave que doivent affronter les mères et les enfants : le désintérêt voire le non-amour du père pour ses enfants. Lutter contre cela est mission quasi impossible, et en outre difficile et dangereux, car faut-il forcer les pères indifférents ou hostiles à s’occuper d’enfants ? Et les mères : sont-elles vraiment toutes des saintes ? Quels traumatismes risque-t-on d’infliger à l’enfant ? Quelles mauvaises relations peuvent s’établir pendant des prises en charges non consenties mais forcées ? Vaste sujet. Pendant ce temps-là, on agit pour faciliter l’accès à l’avortement au maximum.

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Ces interventions civilisationnelles, cet autoritarisme physiologique, cette absence de pudeur, cette vision matérialiste pseudo-médicale imposée dans ce qu’il y a de plus intime, sont pour beaucoup extrêmement choquants. Il y a une forme de bonne éducation à ne pas s’épancher sur ses maux de ventre en général, hommes ou femmes !

Rajoutez à cela un peu d’éducation sexuelle dès l’âge de cinq ans à l’école, histoire entre autres de s’assurer que l’enfant assume et choisit bien son sexe, et nous basculons  dans un monde sans repères, dépourvu de bon sens, d’intimité et de responsabilité individuelle. Tout se vaut et tout se revendique. Le pire étant que nous sommes menacés « en même temps » par un monde qui flirte avec la décadence, la guerre, le racisme et la haine. Alors, Monsieur le président de la République, n’outrepassez pas votre rôle et ce pour quoi nous vous avons élu : s’il vous plaît, occupez-vous de ce qui vous concerne, il y a tellement à faire ! N’abaissez pas la fonction présidentielle en vous transformant en homme à tout faire. Faites-vous si peu confiance aux Françaises, aux entrepreneuses, aux médecins, aux citoyens ? Comme dirait l’autre : le général De Gaulle ne nous parlait pas de nos règles !



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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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