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Molière et l’immigration

L'immigrationnisme, une tartufferie de notre époque.


Molière et l’immigration
Molière et Goudouli, par Édouard Debat-Ponsan. Via Wikimedia

L’oeuvre du grand dramaturge a anticipé le type de l’apôtre bien-pensant de l’immigration tous azimuts: c’est Tartuffe !


Deux vers de Molière, dans Tartuffe, résument à eux seuls l’hypocrisie des bons apôtres de l’immigration : « Et rectifier le mal de l’action / Avec la vertu de notre intention ». Molière emprunte ici ouvertement à Pascal qui, dans les Provinciales, s’en prend à la morale, selon lui, trop relâchée des jésuites. Que les conséquences d’une action soient calamiteuses ne compte guère si le discours fourbi pour la justifier se pare des atours de la morale, tel est l’accommodement de confort que Pascal dénonce. Pour les belles âmes de l’immigration, peu importe que le flux humain qu’elles encouragent n’aboutisse, au fond, qu’à ajouter de la misère à la misère, qu’à mettre à la disposition du productivisme néolibéral un contingent constamment renouvelé de sous-prolétaires (là, nous sommes chez Marx). Peu importe les bidonvilles de plein champ de l’Italie méridionale où s’entassent les rescapés de traversées apocalyptiques, coincés-là sans issue, esclaves agricoles corvéables à merci. Peu importe les grappes déshumanisées, génocidées au crack, agglutinées à un jet de pierre des palais parisiens de la République. Peu importe les effets désastreux du déracinement radical, cause directe de souffrances mentales sans doute terrifiantes dont hélas, parfois, la manifestation extrême est l’agression physique, le meurtre. La bonne pensée s’emploie alors, dans ses commentaires, à dissocier le délabrement psychologique du déracinement. Splendide hypocrisie, là encore ! Pour les thuriféraires de la sainte immigration l’essentiel est ailleurs. C’est dans le verbe et donc, oui, dans « la vertu de l’intention » qu’il faut aller chercher. On ne compte pas les morts, on compte les mots et seuls les mots comptent. Il faut pouvoir arguer de générosité, de fraternité, de vivre-ensemble, de droits de l’homme, d’ouverture à l’autre. Il faut pouvoir déployer l’étendard de l’humanisme, bref se gargariser de tous les clichés lénifiants disponibles. Il faut pouvoir s’empiffrer de tous les anesthésiants usuels qui nourrissent la bonne conscience et assurent des nuits paisibles. Le reste n’est que le réel, l’encombrant, le dérangeant réel. C’est alors qu’un autre vers de Tartuffe (à peine détourné) s’impose, pour définir les prêcheurs des temps nouveaux : « Cachez ce réel que nous ne saurions voir ».




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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Moi, papesse Jeanne », éditions Scriptus Malvas

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