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« Moi c’est Madame », un jeu de cartes pour s’entraîner à répliquer à des situations sexistes

Rions un peu avec les néoféministes!


« Moi c’est Madame », un jeu de cartes pour s’entraîner à répliquer à des situations sexistes
© D.R.

Vous cherchez des idées de cadeaux antimachos? Le jeu « Moi c’est Madame » vous apprend à mater le patriarcat. Si vous préférez un livre, il y a Les Couilles sur la table. Mais gare à ne pas confier la livraison à ce gros pervers de Père Noël! 


Entre les dingueries des écolos, les dingueries des racialistes et les dingueries des féministes, un point commun – c’est ce qu’on appelle la convergence des luttes : il faut abattre l’homme blanc hétérosexuel, seul responsable de la dévastation du monde et par essence coupable. Pour faire bref, le mâle blanc pollue la terre tout en écrasant de son mépris les femmes et les « racisés ». On a eu le déboulonnage des statues, insupportables figures de la domination, le discrédit récemment jeté sur le Tour de France (« sexiste et polluant ») et sur le sapin de Noël (un arbre mort dont le sort contrevient au prometteur « droit de l’arbre »), le budget « genré » de la nouvelle équipe municipale à Lyon, dont la priorité est quand même d’éviter que les garçons jouent au foot dans les cours d’école pendant que se contentent de les regarder les petites filles reléguées dans les confins. Et j’en passe.

Avez-vous pioché la carte « sororité »?

La plate-forme de financement participatif Ulule offre aussi de bons moments. On y trouve depuis quelques jours, dans le cadre des « combats majeurs de notre époque » – où ne figure pas, entre incontournables féminisme et protection de l’environnement, la pourtant nécessaire lutte contre l’islamisme –, la proposition de financement d’un jeu intitulé « Moi c’est Madame », pour apprendre « à répliquer face au sexisme ». La chose se présente comme une manière ludique de s’entraîner à trouver des répliques percutantes dans les (nombreuses, cela va sans dire) situations sexistes de la vie ordinaire.

On est déjà un peu surpris que ces dames invitent à rire et s’amuser, comme le promet le texte d’accroche, tant on a l’habitude de les voir corsetées dans le sérieux de leur moderne bigoterie. Mais passons.

Ce jeu repose sur des cartes qui comportent des attaques, « ciblées ou collectives », auxquelles les femmes sont confrontées « au travail, en famille, dans la rue », etc., du type : « Elle a eu une promotion parce qu’elle est passée sous le bureau » ou bien « T’es de mauvaise humeur aujourd’hui, t’as tes règles ? ». Il s’agit donc de riposter, soit en s’inspirant du podcast YESSS, soit en improvisant, soit en demandant de l’aide grâce à la « carte sororité » (!). On travaille donc sa « maîtrise de la punchline et sa culture féministe » et on récolte des points qui permettent de dire à « quelle [sic] type de warrior » on appartient.

La néoféministe se situe donc dans un rapport de force avec les hommes, elle est une combattante face à des « attaques » et n’envisage l’altérité sexuelle qu’en termes de conflit. L’homme attaque et la femme se défend. Par ailleurs, les instigatrices du projet sont bien de leur époque, elles n’envisagent la culture que par le prisme des intérêts d’un groupe, bien loin de la véritable culture humaniste.

Rééducation postmachiste

Le jeu est comiquement présenté comme destiné aux femmes et aux hommes « qui souhaitent s’allier pour matter [re-sic] le patriarcat ». J’aimerais savoir où s’exerce la domination phallocratique en France aujourd’hui. Je suis une femme et je me suis toujours réjouie d’habiter cette région du monde, où j’ai pu vivre ma vie de la façon la plus libre qui soit, à l’égal d’un homme, d’ailleurs encouragée à l’indépendance financière par mon propre père, un homme pourtant né, horresco referens, dans les sombres années 1930, bien avant l’éclosion de l’époque radieuse que les féministes nous font vivre. Si l’on veut vraiment s’occuper de la condition faite aux femmes, peut-être faut-il avoir le courage de regarder du côté des banlieues islamisées de notre beau pays… mais je doute que le jeu « Moi c’est Madame » suffise à une fille qui s’habille en jupe, ou qui ne se voile pas comme toutes les femmes respectables, pour répliquer. Il ne permet pas non plus de répliquer aux hommes agglutinés porte de la Chapelle, qui importunent des Occidentales perçues comme des objets sexuels à disposition. Un jeune migrant expliquait récemment à un travailleur social que son occupation quotidienne et principale, « aller aux putes » selon ses mots, consiste à s’asseoir sur un banc pour regarder passer les filles…
Contrairement à ce que prétend la promotion du jeu, le sexisme n’est pas partout et tout le monde n’est pas concerné… Sauf à considérer le moindre trait d’humour sur les femmes ou le moindre regard un peu appuyé comme les signes patents de la domination patriarcale.

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Côté pratique, le jeu peut facilement se transporter, et comporte des cartes « à donner aux relous », par exemple avec la mention « Ouille ! Tu viens de dire ou faire un truc sexiste ! » et l’adresse du site moicestmadame.fr pour remettre le « relou » dans le droit chemin. L’heureux bénéficiaire peut à son tour donner cette carte à quelqu’un « qui a eu un comportement sexiste », un nécessiteux qui s’ignore, afin de contribuer ainsi à sa rééducation post-machiste. Sermonner en s’amusant, en somme. L’association éditrice du jeu s’engage aussi à réaliser des « animations ludiques dans les centres sociaux et autres lieux à Marseille, autour de l’empowerment [sic] féminin », et travaille à une version pour enfants et ados. On craint le pire.

La sottise des précieuses d’aujourd’hui

Sur la même plate-forme, on peut depuis l’an dernier participer au financement d’un livre élégamment intitulé « Les Couilles sur la table ». Cet ouvrage prétend envisager la notion de masculinité « d’un point de vue féministe », « en étant [sic] ni hostile ni dogmatique », tout en donnant les outils pour répondre à « ce petit macho rencontré dans un bar » ou pour « clouer le bec à un vieil oncle un peu réac ». M’est avis que les mâles attributs du blanc-bec et de l’oncle rassis vont goûter des grands ciseaux hystériques de nos épuratrices… mais sans hostilité ni dogmatisme !

Victoire Tuaillon, l’auteur du livre (ou l’auteure, l’auteuse, l’autrice… je ne sais plus trop), le présente dans une phrase – qui se veut complice – au relâchement démagogique et puéril : « C’est pas un pavé avec que du texte en noir écrit en tout petit. » Nous voilà rassurés, ce livre n’est pas un livre, et c’est une journaliste formée à Sciences-Po qui le dit ! Il faut en finir avec une conception poussiéreuse de la chose écrite, comme il faut balayer les anciens rapports entre les hommes et les femmes. Cohérence de cette nouvelle tyrannie des temps modernes.

Deux textes ont déjà été publiés sur la plate-forme. L’écriture inclusive s’y déploie en toute impudence, laide, incongrue, ridicule, incarnation de la sottise des précieuses d’aujourd’hui.

À la gloire de l’écriture inclusive répond la misère du bon français. Les gentes damoiselles qui ont inventé « Moi c’est Madame » (au demeurant ni gentes ni damoiselles, puisqu’elles se revendiquent « warriors » et semblent ne pas apprécier le joli mot de « mademoiselle ») ne nous disent pas, en effet, comment répliquer à leurs attaques contre la langue française.

Les couilles sur la table

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Moi c'est Madame: Le jeu qui impose le respect

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Novembre 2020 – Causeur #84

Article extrait du Magazine Causeur




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Professeur agrégé de Lettres

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