Morales et le passé, vieille rengaine, nostalgie des roudoudous et des pétrolettes, siphons à l’eau de Seltz et cravates en tricotine, on connaît la chanson. Films en noir et blanc, zinc dépoli, écrivains réprouvés et Weston aux pieds, ce garage des souvenirs n’amuse plus que les boomers déprimés et quelques lecteurs égarés. À trop lustrer le monde d’avant, à vénérer le faisandé et le « 50 ans d’âge », on finit par lasser et passer à côté d’auteurs bien vivants. Old chap ! J’ai toujours une réticence à parler de mes contemporains. Nous n’avons pas le recul nécessaire pour bien juger leur œuvre, il est encore trop tôt pour se prononcer. Attendons un délai de décence, disons une précaution d’usage d’une dizaine d’années après la mort, on pourra alors commencer à tresser des lauriers ou à napalmer.
Désarroi mécanique et littéraire
Mea culpa ! Je ne me ferais jamais à cette modernité qui diffame mes Trente Glorieuses et salit ma mémoire. Sachez pourtant que je lutte contre mon atavisme. J’ai été élevé à la mélopée rocailleuse du V8 Mustang et je dois m’incliner devant le sifflement névrotique des batteries électriques. C’est dire mon désarroi autant mécanique que littéraire. Plus d’une fois, vous m’avez entendu pester ici-même contre l’absence de style des romans en cours et de l’affadissement en marche. La belle phrase « hecho a mano » roulée par une torcedores
