Depuis sa restauration par Viollet-le-Duc, Notre-Dame est aussi une cathédrale du XIXe siècle. Pour l’historien de l’architecture Jean-Baptiste Minnaert, sa reconstruction doit respecter la charte de Venise[tooltips content= »Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites, issue des travaux du IIe Congrès international des architectes et des techniciens des monuments historiques, tenu à Venise en 1964, sous l’égide de l’Icomos (International Council of Monuments and Sites). »]1[/tooltips], sans forcément utiliser les mêmes matériaux qu’autrefois.
Causeur. Notre-Dame est perçue comme une merveille du XIIIe siècle. Pourtant, il semble que la contribution du XIXe soit importante. Pourriez-vous situer cette dernière ?
Jean-Baptiste Minnaert. Dans Notre-Dame de Paris, il y a en quelque sorte deux cathédrales, l’une du Moyen Âge, l’autre du XIXe siècle. Les cathédrales gothiques sont, en effet, littéralement réinventées au XIXe et elles doivent être comprises comme telles. Le gothique est vu à cette période comme un art spécifiquement français, car il atteint son haut degré de perfection avant l’apport italien de la Renaissance. Au XIXe, le sentiment d’identité nationale cherche à s’incarner. La restauration et la mise en valeur des cathédrales prennent tout leur sens dans ce contexte. À Paris, la Révolution a cependant un lourd impact sur la cathédrale, lequel vient s’ajouter à des pertes datant
