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À quand un ministère de la Vérité en France?

Presse: Rima Abdul Malak "s'alarme" pour les "valeurs républicaines"


À quand un ministère de la Vérité en France?
La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak (ici photographiée à l'Opéra Bastille le 1 juin 2023), a pris position contre la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du dimanche © Chang Martin/SIPA

Médias. Les lecteurs du Monde ou de Libé, ainsi que les auditeurs de France inter, savent tout de la nomination « scandaleuse » d’un nouveau directeur à la tête du Journal du Dimanche. En revanche, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas beaucoup entendu parler des agressions subies par Éric Zemmour ou ses militants ces derniers jours. Récit.


« Parsons était un collègue de Winston au ministère de la Vérité. C’était un homme grassouillet mais actif, d’une stupidité paralysante, un monceau d’enthousiasmes imbéciles, un de ces esclaves dévots qui ne mettent rien en question et sur qui, plus que sur la Police de la Pensée, reposait la stabilité du Parti. »

Orwell, 1984.

Sur la radio publique comme dans la presse de gauche, très peu de choses ont été dites ou écrites sur les violentes agressions subies par les personnes venues faire dédicacer leur livre d’Éric Zemmour à Brest ou sur les insinuations antisémites de Frédéric Tronche, représentant CGT-cheminots, à l’encontre du même Éric Zemmour lors de son déplacement à Limoges.

Antisémitisme : gauchistes, c’est à vous !

Sophie Binet, la patronne de la CGT, s’est contorsionnée sur le plateau de “C à vous” pour tenter de justifier les propos de M. Tronche : si ce dernier a évoqué la Pologne en parlant de la destination du train dans lequel il a rencontré Zemmour, c’est, a prétendu Mme Binet, pour rappeler les « propos négationnistes » du président de « Reconquête ! ». Aussi incroyable que cela puisse paraître, alors que la syndicaliste aura utilisé à au moins quatre reprises les mots  « négationniste » ou « négationnisme » pour qualifier Éric Zemmour ou sa théorie sur le rôle du régime de Vichy dans la déportation des juifs, aucun journaliste sur le plateau ne la corrigera : jamais Éric Zemmour n’a remis en cause l’existence des camps d’extermination nazis, ce qu’est le négationnisme. Ignorance crasse ou conviction idéologique que tout ce qui peut nuire à Zemmour est bon à prendre, cette absence de réaction méritait d’être soulignée car elle symbolise l’état du journalisme français dans les médias publics. Mme Binet a ensuite pu dérouler un discours archi-rodé destiné à faire oublier les propos antisémites du camarade Tronche : la CGT a toujours fait partie de la « digue républicaine » empêchant l’accession de « l’extrême droite » au pouvoir, a toujours refusé de « considérer l’extrême droite comme une opinion comme les autres », de « débattre avec l’extrême droite », et blablabla. En moins d’une minute, la syndicaliste sera parvenue à nommer six fois « l’extrême droite », petit exploit qui lui aura permis de passer à la trappe les syntagmes « antisémite » ou « antisémitisme de gauche ou d’extrême gauche » qui auraient dû être au cœur de la discussion. Mais il sera difficile d’enterrer cette affaire : en sa qualité de président d’Avocats Sans Frontières, association habilitée à agir en justice contre le racisme et l’antisémitisme, Maître Goldnadel a accepté de représenter Éric Zemmour et, en son nom, de porter plainte contre M. Tronche. La gauche extrême n’a pas fini d’avoir à supporter le rappel de son pitoyable pataugeage dans l’anti-sionisme antisémite issu de ses rangs.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Le journal, la calomnie et les pleurnicheries

Si la bonne presse ne parle pas des agressions de l’extrême gauche à Brest ou des propos antisémites d’un syndicaliste de la CGT, de quoi s’offusque-t-elle alors en ce moment ? Elle s’offusque, comme Mme Binet, de… l’arrivée du « journaliste d’extrême droite », Geoffroy Lejeune, à la tête du JDD. Le Monde y décèle une « croisade réactionnaire » et le journal d’extrême gauche Libération « une preuve du mouvement de pure extrême droitisation des médias ». Chaque flash d’info de la radio publique frissonne en évoquant l’amitié du journaliste avec Marion Maréchal et Éric Zemmour. Pascale Clark, la Belphegor au rabais des catacombes radiophoniques, affiche à nouveau son abyssale bêtise en tweetant : « Pas seulement proche de Marion Maréchal Le Pen et de Zemmour, aussi très ami avec Gaspard Proust et Vianney. » Brr ! « De nombreuses personnalités de gauche se sont inquiétées d’un possible virage à droite toute du journal », peut-on lire sur le site de 20 minutes. Bref, toute la garde-chiourme politico-médiatique de gauche s’élève contre la nomination de Geoffroy Lejeune en feignant d’oublier que le JDD, comme Libération ou Le Monde, est un média privé appartenant à un groupe composé d’actionnaires qui, comme pour Libération ou Le Monde, peuvent avoir envie de donner une certaine coloration politique à leur journal. L’offre publique d’achat de Lagardère par Vivendi ayant été confirmée début juin par la Commission européenne, les journalistes du JDD le désirant pourront, grâce à une clause de cession propre à la presse, quitter ce journal avec de belles indemnités et proposer leurs services à des journaux plus proches de leur sensibilité – cela ne manque pas.

Notre argent, leur radio

France Inter, elle, n’est pas une radio privée. Les journalistes de cette radio sont rémunérés avec de l’argent public. Par conséquent, les opinions de tous les Français devraient y être représentées. On est très loin du compte. France Inter est une station de radio de gauche, wokiste, immigrationniste, écologiste et européiste. Rien d’étonnant à cela quand on prend la peine de compulser le CV des journalistes de la seule matinale de la radio « la plus écoutée de France ». Tour de table :

Nicolas Demorand, pigiste aux Inrockuptibles puis, en 1997, stagiaire à France Culture. Présente en 2002 “Les Matins de France Culture”, succède à Stéphane Paoli sur France Inter en 2006 et anime la tranche matinale jusqu’en 2010. Prend la direction de Libération en mars 2011 puis quitte le journal en 2014 pour revenir sur France Inter. Co-présente, depuis 2017, le 7/9 avec Léa Salamé qui aimerait paraître politiquement neutre. La tâche est ardue, le naturel revient souvent au galop. Les entretiens menés de concert avec Nicolas Demorand sont des petits bijoux de partis pris subtilement dissimulés lorsque sont reçues des personnalités de gauche, moins subtilement lorsqu’il s’agit de « converser » avec des personnalités de droite ou, pire, considérées « d’extrême droite ».

Claude Askolovitch, ancien du Nouvel Observateur. Après avoir écrit Nos mal-aimés : Ces musulmans dont la France ne veut pas, déclare le 16 novembre 2014 au Bondy Blog : « Ça serait chouette qu’une jeune femme voilée présente le 20 h. » Homme-sandwich de Libération. Également chroniqueur dans l’émission woke-européiste d’Arte, “28 minutes”, Askolovitch affiche un mépris condescendant pour les Français qui ne sont pas progressistes et ne rate jamais une occasion de se pâmer devant un « homme enceint » ou une « athlète transgenre ». La voix est mielleuse, le ton douceâtre et la posture faussement bienveillante : il s’agit surtout de prendre la France constamment en défaut et de la présenter le plus souvent possible sous son plus mauvais jour.

A lire aussi, du même auteur: France Inter, derniers jours de “C’est encore nous”: c’est encore pire!

Pierre Haski, recruté par Serge July en 1981, quitte Libération en 2007 pour fonder le site d’information Rue89. En août 2018, prend la suite de Bernard Guetta, lui-même récompensé pour sa propagande européiste par les macronistes qui l’adoubent en lui offrant sur un plateau un siège au Parlement européen. En septembre 2019, Le Monde diplomatique se gausse de Pierre Haski, ce « passionné par la question des “infox” » qui n’a pas daigné revenir sur la publication des conclusions du rapport Mueller réfutant avec moult preuves l’idée d’une collusion entre M. Trump et le Kremlin pour fausser l’élection présidentielle américaine.Pourtant, ironise Le Monde diplomatique, « de très nombreux journalistes avaient repris cette théorie du complot avec la foi du charbonnier — dont un certain Pierre Haski, sur France Inter ». À la revue IEA & Esprit, Pierre Haski a avoué avoir participé à une opération de surveillance du web français financée par la fondation de George Soros. Pas de fausse note : ses éditos de politique internationale sont foncièrement européistes, mondialistes, immigrationnistes, pro-palestiniens et pro-américains (surtout quand les Démocrates sont à la manœuvre, of course).

Yaël Goosz a succédé à Thomas Legrand, ce dernier partageant maintenant son temps entre France Inter et… Libération. Pas un mot, bien entendu, sur les violences à Brest ou sur les propos antisémites de M. Tronche – mais, lundi 26 juin, un édito bien crapuleux, bien malhonnête, sur Geoffroy Lejeune. Pour salir ce dernier, le commissaire politico-médiatique Goosz accumule approximations et mensonges et dénonce, à propos de la nomination de l’ex-journaliste de Valeurs actuelles à la tête du JDD, un « projet politique », ce qui, dit-il, est « le dévoiement complet de l’éthique journalistique. On fait ce métier pour dire des faits, pas pour les tordre ». Que ne s’applique-t-il ce magnifique précepte à lui-même ? Écumant de rage, Goosz balance le montant annuel des subventions versées au JDD, 2 millions d’euros qui vont tomber dans l’escarcelle de Vincent Bolloré, mais passe sous silence le montant de celles versées à Libération, propriété de Patrick Drahi, 5 millions d’euros en moyenne chaque année. L’apparatchik de la radio publique en appelle à la surveillance de la presse par l’État, cite notre ministre de la Culture et de l’Information à contrôler, Rima Abdul Malak, qui dit craindre pour « nos valeurs républicaines », et réclame des « états généraux de l’information ». Plus pravdaïen que jamais, Yaël Goosz a toutes les aptitudes requises pour devenir un futur collègue de Winston au ministère de la Vérité qu’il appelle de ses vœux ! « Pour abolir la vérité, il faut : enseigner l’idéologie ; instrumentaliser la presse ; propager de fausses nouvelles ; produire le réel », rappelle Michel Onfray (1) après avoir relu les œuvres d’Orwell. Nous sommes en plein dedans !

(1) Michel Onfray, Théorie de la dictature, Éditions Robert Laffont

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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