Migrants : le goulot d’étranglement turc


Ne pouvant plus naviguer entre Charybde et Scylla, les voies de la mer Egée étant de plus en plus mortelles et encombrées, les réfugiés sont forcés de trouver de nouvelles voies pour atteindre l’Europe.

Aujourd’hui, le Hurriyet Daily News rapporte que des centaines de migrants s’attroupent autour de la plus grande gare routière turque dans l’espoir d’embarquer pour la province d’Edirne, située au nord de la Turquie. Cette province est en effet frontalière de la Bulgarie et de la Grèce, deux pays de l’Union Européenne. A cause des « embouteillages » aux frontières, les migrants vont donc devoir prendre un nouveau chemin. Ces réfugiés devront soit traverser les Balkans pour atteindre la Croatie et l’Autriche, soit, peut-être, remonter par la Roumanie, jusqu’à la Slovénie ou la Pologne, en contournant ainsi la Hongrie et sa frontière bientôt infranchissable.

Ces nouveaux migrants sont donc arrivés hier à la gare stambouliote de Bayrampaşa et attendent depuis que les compagnies de bus les laissent rejoindre la province visée, ce qu’elles refusent cependant de faire, bloquant leur mouvement vers l’Europe.

Pour autant, nous dit-on dans cet article, afin de ne pas laisser ces réfugiés sans assistance, la municipalité turque a dépêché des convois d’eau et de nourriture aux migrants. Mais si certains ont accepté cette aide, d’autres l’ont refusée, clamant qu’ils voulaient seulement prendre le bus pour quitter la Turquie. Et pour cause, ils ont payé leurs billets et sont retenus contre leur gré : « Nous voulons aller à Edirne. Nos tickets, que nous avons achetés il y a cinq jours, ont été annulés aujourd’hui. Quand nous demandons pourquoi, ils nous disent que les Syriens ne sont pas autorisés à sortir » explique Hüseyin Aljumaa, un migrant syrien de 19 ans au journal turc.

« Nous sommes reconnaissants pour la nourriture mais ce n’est ce que nous voulons » ajoute-t-il. Certains réfugiés ont donc entamé une marche en direction d’Edirne mais ont été stoppés par la police.

Echaudés par l’activité policière, ces migrants se sont mis à scander le nom de la ville d’Edirne et à clamer « Allahou Akbar »…

Ces personnes devront pourtant bien emprunter un chemin. Et la route de l’est, si longue soit-elle, permettra peut-être de désengorger les voies méditerranéennes et d’épargner des vies. Face aux deux millions de personnes en transit qui se trouvent actuellement en Turquie, les autorités ne pourront pas résister au mouvement très longtemps.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Régionales : le PS en a ras le front républicain
Article suivant Je ne me souviens pas de Claire Chazal

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération