Sur le marché de la migration, un petit État d’Europe centrale est de train de se forger une réputation de forteresse. Non, il ne s’agit pas de la Hongrie, mais de son discret voisin slovène. Loin des vitupérations de Viktor Orban, les dirigeants de ce pays de deux millions d’habitants luttent lentement mais sûrement contre l’immigration clandestine. D’après le journal local Dnevnik, les patrouilles de policiers slovènes en poste aux frontières ont reçu l’ordre de renvoyer vers la Croatie tous les immigrés qu’ils croisent sans se donner la peine d’examiner leur demande d’asile. Un scandale pour la directrice du bureau des droits de l’homme à Ljubljana qui n’a pas hésité à parler de violation du droit international en vigueur depuis 1945. La télévision publique RTV Slovenija a nourri la polémique en filmant un groupe de gardiens de la paix l’arme à la main. Le gouvernement social-démocrate a justifié cet armement par les agressions à la machette auxquelles se livrent certains candidats à l’asile. Quant à la transhumance vers la Croatie, les autorités slovènes prétendent y voir de simples départs individuels.
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Classée parmi les membres les moins influents de l’Union européenne, la Slovénie n’a jamais barguigné devant l’afflux de migrants. Dès 2015, Ljubljana a construit un mur de barbelés le long de la frontière croate. Le mois dernier, le Premier ministre social-démocrate Marjan Sarec a annoncé son refus de signer le pacte de l’ONU pour l’accueil humanitaire des réfugiés, emboîtant le pas à l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque.
Pour compléter le tableau, le quotidien transalpin La Stampa a dernièrement révélé que la police des frontières italienne renvoyait systématiquement les migrants fraîchement débarqués vers la Slovénie, où la maréchaussée locale les transfère illico presto vers la Croatie. Reste à savoir si la police croate refilera la patate chaude à sa consœur bosniaque.