Frédéric Dard, dit San-Antonio, a publié près de 300 livres, traduits dans vingt pays et vendus à plus de 250 millions d’exemplaires. Il est l’écrivain français le plus lu du XXème siècle. S’il ne reposait en paix à Saint-Chef-en-Dauphiné depuis juin 2000, il fêterait cette année son centenaire.
Né à Jallieu (Isère), dans une famille modeste, « Frédéric Dard, dit San-Antonio » est très tôt initié à la lecture par sa grand-mère Claudia. Dès son plus jeune âge, il dévore ainsi quantité de classiques, comme Les Misérables de Victor Hugo, mais aussi des ouvrages qu’on rangerait aujourd’hui dans la « littérature jeunesse », cette étrange catégorie suggérant en creux qu’il en existerait une pour la vieillesse. Les mots faisant dès lors partie de son quotidien, il ne se contente plus de les lire ou d’écouter Claudia les prononcer le soir, il s’en sert pour raconter des histoires de son cru à ses camarades de classe, puis les écrire. L’une d’entre elles, intitulée « Le monocle révélateur », est même publiée dans le numéro 78 du 10 août 1939 de l’illustré Jean-Pierre, sous le pseudonyme de Fred Dysert (« Fréderic d’Isère »).
En France, comme le lui fait un jour comprendre Grancher, pour réussir dans « les Lettres », il faut « monter à Paris ». C’est alors que cet (heureux) Lyonnais d’adoption se résigne à l’exil…
Si son enfance à Saint-Chef-en-Dauphiné (Isère), petit village dans lequel s’est repliée sa famille après la faillite de l’entreprise paternelle, est heureuse, son adolescence lyonnaise, elle, est plus contrastée, du moins dans un premier temps. La capitale des Gaules, ses parents y élisent domicile, pour y chercher du travail. Comme Joséphine-Anna, sa mère, veut que son fils ait un vrai métier, de comptable par exemple, il est envoyé dans une « fabrique
