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Midterms: Joe Biden sera-t-il désavoué?

Assisterons-nous à une "Red Wave" ?


Midterms: Joe Biden sera-t-il désavoué?
Joe Biden, en Pennsylvanie le 05/11/22 / PHOTO: Ryan Collerd/Sipa USA/SIPA / SIPAUSA30329197_000018

Les élections de mi-mandat aux États-Unis, ce 8 novembre, sont scrutées avec une attention particulière car elles sonnent comme un referendum pour ou contre Joe Biden. Analyse du groupe de réflexion, Le Millénaire.


Le développement de la puissance chinoise, capable de concurrencer les États-Unis sur l’ensemble des segments, a créé une attente spécifique des électeurs américains qui attendent un plan pour faire face à ce nouveau défi. Même si Joe Biden n’est pas l’unique responsable de ce long déclin, il doit composer avec des électeurs déçus par la perte de l’hégémonie américaine. De plus, le retrait raté d’Afghanistan a durablement entaché sa popularité.

Selon Pierre Clairé, directeur adjoint des Études du Millénaire, « le fiasco du retrait d’Afghanistan est l’événement est le plus marquant des premiers mois de la présidence Biden. Il a eu des effets dévastateurs pour les Démocrates et le président lui-même. L’échec afghan signe pour Joe Biden la fin d’une cote de popularité de plus 50% et pourrait assurer aux Républicains une victoire lors des midterms ». Si les derniers sondages créditent Joe Biden d’une popularité de 41%, ils montrent aussi que 53% des Américains sont mécontents de son action.

Des élections défavorables pour le pouvoir en place

Généralement, ce scrutin est une forme de référendum pour juger l’action du président en place. Ainsi, les midterms désavantagent l’exécutif qui a un bilan à défendre. Concrètement, depuis 1945, seulement quatre élections de mi-mandat ont vu le parti au pouvoir augmenter son nombre de sièges au Sénat et seulement deux élections en ce qui concerne la Chambre des représentants. Ainsi, en raison de la composition actuelle très serrée des deux chambres, les statistiques penchent pour une perte de contrôle des Démocrates. Selon Emeric Guisset, Secrétaire général adjoint du Millénaire, «conscient de cette tendance de fond défavorable, Joe Biden et les Démocrates ont essayé de renverser ce désavantage en faisant des midterms, non pas un référendum sur leur bilan, mais sur l’éventuel retour de Donald Trump. Les Démocrates misent sur le rejet de l’ancien président et la remise en cause du droit à l’avortement pour inciter les électeurs démocrates à voter».

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Mais depuis la rentrée, les États-Unis sont frappés par une forte inflation qui inquiète les Américains. Cette dégradation de la situation économique du pays a pour effet de remplacer au cœur de la campagne la question sociétale par la question économique. L’inflation et la crise énergétique ont conduit l’opinion américaine à revenir vers les Républicains pour plébisciter la vision « America First » portée par Donald Trump.

Les scenarii possibles

1er scénario : Les Républicains remportent la Chambre des représentants mais le match au Sénat se jouera lors d’une élection spéciale en Géorgie le 6 décembre prochain. Cette hypothèse repose sur l’accumulation de plusieurs éléments :

  • L’électorat démocrate se mobilise davantage que ce qui est indiqué dans les sondages.
  • L’électorat soutient une victoire républicaine sans pour autant avoir un raz-de-marée.
  • La politique de Joe Biden est rejetée majoritairement par les Américains mais pas par l’électorat démocrate qui y trouve son compte. Dans cette hypothèse, les Démocrates pourraient remporter 49 sièges au Sénat contre 50 pour les Républicains, sachant que tout se jouera lors de l’élection spéciale en Géorgie. Nous projetons en revanche une victoire claire des Républicains à la Chambre des représentants avec une moyenne de 230 sièges.

2ème scénario (le plus probable selon les sondages) : Les Républicains remportent la Chambre des représentants et le Sénat. Cette hypothèse repose sur l’accumulation de plusieurs éléments :

  • L’élection se joue davantage sur l’économie, l’inflation et la sécurité que sur les sujets sociétaux comme l’avortement, et cela provoque une bascule des électeurs indépendants, de la classe moyenne et des travailleurs chez les Républicains.
  • Cela donnerait ainsi un Sénat avec 48 sièges Démocrates ou indépendants et 51 Républicains. Dans cette hypothèse, l’élection en Pennsylvanie serait serrée, comme en 2020, lors de l’élection présidentielle entre Joe Biden et Donald Trump. Toutefois, les Républicains contrôleraient le Sénat quoiqu’il arrive et cela qu’importe le résultat en Pennsylvanie. Nous projetons une victoire des Républicains au sein de la Chambre des représentants avec une moyenne de 235-240 sièges.

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3ème scénario (privilégié par Le Millénaire) : On assisterait à une vague rouge (« Red Wave »). Les Démocrates seraient écrasés par les Républicains qui remporteraient une large victoire à la Chambre des représentants mais également au Sénat. Cette hypothèse repose sur plusieurs éléments :

  • L’élection se joue davantage sur l’économie, l’inflation et la sécurité que sur les sujets sociétaux comme l’avortement.
  • Cela provoque une bascule des électeurs indépendants, de la classe moyenne et des travailleurs chez les Républicains.
  • L’élection devient un référendum contre la politique de Joe Biden provoquant une sur-mobilisation de l’électorat républicain et une démobilisation des supporters Démocrates. Selon William Thay, président du Millénaire, « cela permettrait d’amplifier la victoire des Républicains en raison de la domination des questions économiques sur les questions sociétales et provoquerait une véritable déroute du camp démocrate ». Dans cette hypothèse, le Sénat pourrait compter 44 à 46 sièges Démocrates contre 54 à 56 sièges Républicains, ces derniers ayant une double incertitude dans l’État de Washington et dans le Colorado.
  • On pourrait aussi voir un raz-de-marée Républicain au sein de la Chambre des représentants avec au moins 250 sièges. « Dans cette hypothèse, ajoute William Thay, les Démocrates sont quasiment sûrs de perdre la prochaine élection présidentielle et tout sera remis en cause. Nous assisterons à une bataille pour le leadership entre l’aile centriste (Obama, Biden, Pelosi) contre l’aile gauche (Ocasio-Cortez, Sanders, Warren) et il n’est pas sûr que Joe Biden puisse se représenter en 2024. De plus, il est ainsi probable que Donald Trump soit le candidat des Républicains et donc le favori de la prochaine élection présidentielle ».


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