Michel Onfray a comparu chez Ruquier


Michel Onfray a comparu chez Ruquier

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En regardant d’un œil distrait les passes d’arme affligeantes de nullité satisfaite et d’approximations géopolitiques de Yann Moix, volant au secours de Bernard-Henri Lévy, et de Michel Onfray, toujours soucieux d’intervenir au nom du Peuple, j’ai eu l’impression d’être dans un service d’urgence d’un hôpital psychiatrique. Avec, de surcroît, un débile mental léger, Louis Garrel, et une hystérique BCBG, Émilie Frêche, une romancière qui assure ne pas régler de comptes dans son dernier livre (tiens donc !) Un homme dangereux avec qui que ce soit, surtout pas avec… est-ce Benoît Duteurtre ou Patrick Besson ? Chi lo sa… J’apprécie trop et l’un et l’autre pour imaginer qu’ils aient pu faire du mal à une si pauvre créature qui ne supporte même pas qu’on parle d’islamophobie, « car cela dresse les communautés les unes contre les autres ! »  Une femme aussi sensible ne devrait jamais quitter Saint-Germain-des-Prés, dorénavant surnommée « la zone verte » comme à Bagdad.

Outre l’infirmier de service, Laurent Ruquier, qui pense avec Hollande qu’une bonne blague suffit à apaiser les excités et Léa Salamé, qui peine à faire entendre sa voix tant les questions qu’elle pose sont sottes, avaient été conviés un rappeur dont les onomatopées ont été saluées avec tout le respect qu’elles méritent, ainsi qu’un vieux loup de mer qui a sauvé tant et tant de vies de migrants l’été dernier qu’on a pu lui décerner, outre celui de héros, le titre de passeur le plus efficace entre la Libye et Lampedusa. Ce brave homme vit dans la certitude que nous, les Européens, et spécialement les Français, avons fait tant de mal à l’Afrique en dépouillant et en exterminant les indigènes qu’il convient aujourd’hui de réparer, quel qu’en soit le prix, ce péché originel.

Michel Onfray, dans un élan de compassion, a clamé haut et fort qu’il fallait cesser de mener une politique anti-musulmane et ne surtout pas bombarder l’Etat islamique. Ce fut le rare moment où les invités communièrent dans un élan de compassion. Comme lors de chaque émission, on répéta que la France est un grand et beau pays, généreux de surcroît, et que le Front national le pourrit par ses discours haineux et les questions malvenues qu’il pose, notamment sur l’islam – Laurent Ruquier ne verrait aucun mal à ce qu’il y ait vingt millions de musulmans en France, avait-il dit lors d’une précédente émission – et sur la démographie.

Michel Onfray tenta mollement de défendre les démographes (joli moment sur le taux de fécondité) et de dire que l’islamophilie française méritait d’être interrogée. Il n’insista pas. Il était venu pour assurer qu’il représentait la vraie gauche, celle d’avant 1983, et que jamais, au grand jamais, il ne ferait le jeu du Grand Méchant Loup. Pas comme Laurent Joffrin dans Libération. D’ailleurs, a-t-il précisé, aucun intellectuel, aucun écrivain, aucun scientifique n’a jamais adhéré de près ou de loin aux thèses du Front national. À cet instant précis, je me suis senti bien seul et j’ai changé de chaîne.



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