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Michel Houellebecq, une veulerie typiquement française

Les aphorismes du vaurien


Michel Houellebecq, une veulerie typiquement française
Michel Houellebecq. Photo : Auteurs : ISA HARSIN/SIPA. Numéro de reportage : 00905098_000055

En ces temps estivaux, Roland Jaccard nous réserve ses meilleurs aphorismes de vaurien. Houellebecq, Beigbeder, Cioran, Pouchkine : demandez l’épigramme !


Notes, le dernier texte conservé d’Arthur Cravan, se termine exemplairement par ces mots : « Il ne me reste plus qu’à vendre mon squelette à un naturaliste ou mon âme à un psychologue – langueur des éléphants, romance des lutteurs. »

J’exècre la campagne : la nuit on y a peur et le jour on s’y emmerde. Jules Renard était arrivé à la même conclusion.

On dit du nazisme qu’il est inhumain. Je dirais plutôt qu’il est trop humain.

Je suis d’accord avec Frédéric Beigbeder quand il écrit : « Quiconque n’est pas régulièrement la risée des foules ne mérite pas d’être considéré comme un être humain. »
Le seul moyen de savoir qu’on existe est de se rendre grotesque. Nos existences ne se réduisent-elles pas à ces deux mots : misère et ridicule ?

Il y a une forme de veulerie typiquement française qui a trouvé son éminent représentant avec Michel Houellebecq. Sollers lui tresse des lauriers pour mieux se mettre en valeur – un tic chez lui. L’un serait le Schopenhauer des ronds-points et des gilets jaunes, l’autre sont antidote : un Nietzsche pour les élites. Populisme d’un côté, arrogance ironique de l’autre.

X. et moi étions si proches que nous sommes devenus des ennemis mortels. Mais nous avons toujours refusé de l’admettre.

En réalité, disait Cioran, nous haïssons tout le monde : amis et ennemis, avec toutefois cette différence que nous ne savons pas que nous haïssons nos amis.

Dans le meilleur des cas, on obtient tout quand on ne peut plus jouir de rien. Mieux vaut s’atteler d’emblée à faire un travail déceptif sur soi.

Il y a des éclairs qui obscurcissent tout : c’est le cas de l’amour. Un véritable écrivain ne tombe jamais amoureux. Je l’ai appris à mes dépens.

Ce conseil de Pouchkine que j’ai suivi depuis mon adolescence : « Il faut toujours avoir plusieurs partenaires pour pouvoir demeurer indifférent au cas où l’on viendrait à en perdre un. » Cette indifférence – celle du stoïcien face à sa propre mort – est en amour notre unique atout. Le sentiment le plus fort, le plus généreux, ne peut s’épanouir que s’il plonge ses racines dans un égoïsme abyssal.

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