Le nouveau roman de Michel Houellebecq, anéantir, a dérouté nombre de critiques qui s’obstinent à tenter de le démasquer derrière ses personnages et à lui faire dire ce qu’il ne dit pas. Houellebecq est un immense écrivain et ses livres sont de purs objets littéraires. Et anéantir est avant tout un roman d’amour.
Il y a deux erreurs communément commises quand on lit Houellebecq. La première, et l’auteur n’y est pas pour rien, est que la construction de sa légende l’a transformé en objet plus médiatique que littéraire, à coups d’entretiens provocateurs et de déclarations sarcastiques. À gauche, on traque ainsi le dérapage raciste, misogyne ou islamophobe. À droite, Houellebecq est enrôlé dans le bataillon néoréac et devient le critique de la modernité et du déclin de l’Occident. Que ses livres en général et le dernier en particulier, anéantir, évoquent cette perspective de manière obsessionnelle est une évidence. Que Houellebecq déplore ce déclin est une autre histoire, plus ambiguë… La jouissance narrative avec laquelle il met en scène une série d’attentats aussi spectaculaires que mystérieux, où la magie noire se mêle au radicalisme écologique, peut en effet interroger sur le peu de tendresse que Houellebecq entretient avec la civilisation marchande.
La seconde erreur, qui découle de la première, est de confondre l’auteur et le narrateur ou encore l’auteur et ses personnages. C’est avec ce genre de vision de la littérature que
