Le footballeur Michel Hidalgo est décédé hier à 87 ans. Sélectionneur, il permet à l’Équipe de France de remporter son premier titre lors de l’Euro de 1984. Hommage.
Il a tiré sa révérence hier, à la veille du 44ème anniversaire de son premier match à la tête de l’équipe de France.
C’était le 27 mars 1976, l’adjoint de Stefan Kovacs, Michel Hidalgo, prenait les rênes des Bleus. Une équipe de France inexistante qui ne s’était plus qualifiée pour une grande compétition depuis 10 ans et la coupe du monde en Angleterre. Ce soir-là, le Parc des Princes sonnait creux avec 9559 spectateurs payants et l’équipe de France affrontait ce qui était alors la Tchécoslovaquie, grande nation de football puisque finaliste de deux coupes du monde et qui allait remporter la Coupe d’Europe des nations trois mois plus tard en battant les Pays-Bas de Cruyff, vice-champions du monde, et la RFA de Beckenbauer, championne du monde et championne d’Europe. Sur le terrain cinq joueurs honoraient leur première cape, dont un certain Maxime Bossis et un certain Michel Platini qui ouvrit ce soir-là son compteur buts sur un coup franc indirect dans la surface. Le score final fût de 2-2 alors que les Bleus avaient mené 2-0.
Il hisse le beau jeu à la française au plus haut niveau
44 ans après, qu’il paraît loin ce temps où les Tricolores ne faisaient rêver personne et jouaient dans des stades vides. Entre temps, l’armoire aux trophées s’est copieusement garnie avec deux coupes du monde, deux championnats d’Europe, deux coupes des confédérations, une médaille d’or olympique et une coupe intercontinentale. On ne citera pas les finales et les demi-finales perdues puisque nous sommes suffisamment tristes en pensant à Michel Hidalgo dont l’histoire à la tête des Bleus est une histoire de larmes.
A lire aussi: Philippe David, la radio populaire
16 novembre 1977, Parc des Princes. Michel Hidalgo est porté en triomphe par ses joueurs qui viennent de battre la Bulgarie 3-1 et se qualifier pour la coupe du monde en Argentine. Il porte un Kway et tient son visage rempli de larmes dans ses mains. Les Bleus tomberont au premier tour dans le groupe de la mort avec l’Argentine, l’Italie, qui finiront première et quatrième de la compétition, et la Hongrie. Pourtant l’équipe de France gagnera le respect, vingt ans après la bande à Kopa et Fontaine, les commentateurs du monde entier voyant une jeune équipe pointer son nez pour rejoindre le gotha du football mondial. Première histoire de larmes.
Après le drame de Séville en 82, le premier titre de L’Équipe de France en 84
8 juillet 1982, stade Sanchez Pizjuan de Séville. Ce soir-là Michel Hidalgo portait un polo rayé bleu et blanc similaire au maillot des rugbymen du Racing. On ne refera pas pour la 1000ème fois ce match rediffusé encore – ironie de l’histoire – mardi dernier mais, nonobstant Schumacher, l’arbitre Charles Corver ou la barre qui repoussa la frappe d’Amoros à la dernière minute, les Bleus ont gagné lors de ce match baptisé depuis « le drame de Séville » ou « la folle nuit sévillane » les cœurs du monde entier. Ils ont gagné les cœurs mais perdu aux tirs au but, et toute la France a pleuré à l’unisson avec ses joueurs et son sélectionneur. Seconde histoire de larmes.
27 juin 1984, Parc des Princes. La France vient de remporter le premier titre de son histoire en battant l’Espagne en finale grâce à un coup franc de Platini, qui verra naitre le terme « faire une Arconada », comme huit ans plus tôt face à la Tchécoslovaquie et un but en contre de Bellone à la dernière minute. Michel Hidalgo est porté par ses joueurs, la coupe Henri Delaunay dans les mains. Plus de Kway mais un blazer gris clair et une cravate bleue. Cette fois-ci la France pleure mais pleure de joie son premier titre pour ce qui restera la dernière apparition de Michel Hidalgo à la tête des Bleus puisqu’il sera remplacé après ce match par Henri Michel.
De Michel Hidalgo resteront des traits que la France du football n’oubliera jamais : son regard bleu, sa voix douce, sa grande humanité, son immense gentillesse. Resteront la tragédie de Séville et l’inoubliable France-Portugal de Marseille. Resteront aussi le « carré magique », le « football champagne », les « Brésiliens de l’Europe » bref le beau jeu « à la française ».
Adieu Monsieur le Sélectionneur, on ne vous oubliera jamais…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !