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Michel-Georges Micberth, l’anar de droite, disparaissait il y a dix ans

Le pamphlétaire est mort le 19 mars 2013. Il nous reste ses vociférations réjouissantes à redécouvrir


Michel-Georges Micberth, l’anar de droite, disparaissait il y a dix ans
Sur F.R.3 en 1976. D.R.

Micberth, largement inconnu, est mort il y a dix ans, le 19 mars 2013.  À la fois romancier, poète, pamphlétaire, éditeur, Michel-Georges Micberth a croqué avec une ironie cruelle la vie intellectuelle des années 60 jusqu’à sa mort en tentant l’impossible: donner une théorie de l’anarchisme de droite.


Né en 1945 à Tours, Michel-Georges Micberth écrit ses premiers poèmes dès l’enfance. Dans les années 60, il impose un style véhément dans la lignée de Léon Bloy. Il est journaliste dans un titre qu’il a lui-même créé, Actual-Hebdo en 1972 mais aussi pour des titres aussi différents que l’Echo des savanes et Minute. Pamphlétaire prolixe, il se fait « déboulonneur d’idoles en carton-pâte ». Jean Daniel, du Nouvel Obs, n’échappe pas à la moulinette : « Faux bonhomme, faux libéré, faux talent, faux semblant, faux socialiste, faux journaliste, faux penseur, fausse audience, faux-fuyant, mais vraie vraie salope. Depuis vingt ans, lui et son équipe du Nouvel Obs sont passés à côté de l’authentique, du singulier, de l’essentiel, de l’important pour ne privilégier, avec une opiniâtreté qui force la considération des ânes, que le dérisoire des sciences humaines et son cortège d’idoles de pacotille ». 

François Mitterrand n’est guère mieux traité : « J’ai honte de son physique de prélat pervers ou de gluant florentin, de ses manières onctueuses de sodomite incontinent, de sa posture de potiche peinturlurée ou de momie enclose derrière une vitrine sale, de sa dialectique qui évoque les momeries d’un tribun de sous-préfecture, de toute la détestable médiocrité qui se dégage de son image télévisée et qui fait penser au « parrain » d’une quelconque association de malfaiteurs. » Jacques d’Arribehaude résuma ainsi le style micberthien dans le Bulletin célinien, en 1988 : « Les textes de Micberth ont l’admirable éclat d’une série de beignes appliquées à toute volée sur les faces de pitres, de loufiats et de tarés qui règnent sur ce pauvre monde et mettent à l’abrutir une opiniâtreté, une haine, une infamie dans la délation et le sournois verrouillage juridique, qui rendraient aimable le souvenir de l’Inquisition. »

Appel à l’abstention, chéquier volé et découverte d’ADG

Micberth démolit, mais il est aussi un fondateur et un créateur. En 1967, il fonde le mouvement autobusiaque, consacré à la publication de poèmes et à la mise en scène de spectacles annonçant le café-théâtre. On notera parmi les autobusiaques la présence d’un certain Alain Fournier qui ne devait pas tarder à devenir ADG, le seul auteur du néopolar de l’époque à se revendiquer de droite – ce qui n’empêchera pas Manchette, son exact opposé idéologique, de l’admirer, au moins littérairement. Micberth s’est également intéressé à l’histoire locale et lance en 1986 la collection Monographies des villes et villages de France. En 1973, il crée un mouvement politique, La Nouvelle Droite française (à bien distinguer de la « Nouvelle Droite » d’Alain de Benoist). 

A lire aussi: L’abc d’A.D.G.

Quelques années plus tôt, il s’était déjà lancé dans la bataille politique, lors de la présidentielle de 1969, dans le but de « dénoncer l’imposture démocratique ». À cette époque, il ne fallait recueillir que cent parrainages de maires et Micberth les obtint, mais c’était sans compter sur la vigilance du Conseil Constitutionnel et les pressions exercées sur quelques signataires qui firent machine arrière. 

Il apparaît sur les écrans de FR3 en 1977 pour une tribune libre où il appelle à l’abstention et à la désobéissance civile. Quelques années auparavant, il se retrouve mêlé à une invraisemblable affaire de chéquier volé au nom de Georges Pompidou qui lui vaut d’être détenu et arrêté. L’affaire fit la Une de quasiment toute la presse nationale et régionale, en août 1974. Il est relaxé dans cette affaire, en 1979. 

Aristocrate libertaire 

Dans ses pamphlets et déclarations, Micberth mêle, avec une bonne louche de provocation, inclinations aristocratiques et penchants libertaires. Il s’insère dans l’ambiance de contestation post-soixante-huitarde sans céder aux sirènes du marxisme. « Je hais l’ordre, l’armée, la justice, la police, les dogmes et religions, la république scélérate, la démocratie butorde, l’hypocrite munificence de l’État souverain, l’exploitation de l’homme par l’homme, etc. Mais je reste sourd aux séductions du matérialisme dialectique ». 

Si la gauche en prend pour son grade, et malgré une réputation droitière qui lui colle à la peau, la droite n’est pas forcément mieux lotie : dans sa Lettre, recueil de pamphlets sorti en 1986, il écrit : « La droite populaire a du ventre, pue de la gueule, habite dans des pavillons encaustiqués et enclos, à patins pour les parquets et à chiens méchants pour la trouille ; diffuse des lieux communs, moralise, cancane, voue un culte sacré au bon sens, approuve l’armée et l’applaudit ; suce le gendarme, lapide la créature, attache les mains de ses enfants et encule la bonne avant de la congédier sans indemnités après avoir porté plainte contre elle pour vol d’argenterie ». 

Il ne fut pourtant pas qu’un sympathique braillard, et dès 1979, il avait détecté l’importance des lanceurs d’alerte : « Ne nions surtout pas l’utilité des vigies… Et l’obstacle contourné, ne raillons pas leur message alarmiste. Sans elles, les navires iraient au naufrage ». Il invente presqu’à lui tout seul la notion d’anarchisme de droite. François Richard a dédié un volume à ce sujet chez les fameuses éditions PUF. Micberth est l’un des personnages principaux de cet ouvrage, aux côtés de Léon Bloy, Céline, Bernanos ou encore Louis Pauwels. En conclusion, François Richard écrivait précisément que l’anarchisme de droite ne tombait pas « dans le travers des théories programmées et des vérités systématiques ; car c’est justement contre cette attitude systématique que les anarchistes de droite se sont souvent prononcés ».

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Un site est consacré à cet étonnant personnage : http://www.micberth.fr



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Professeur démissionnaire de l'Education nationale

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