Michel Drucker suscite une tempête sur les réseaux sociaux, après son passage sur France 2. Quelle époque ! « Vous avez vraiment souffert ? » a-t-il osé demander à Marie Portolano, samedi dernier. Mme Portolano s’est fait connaitre avec son enquête sur le sexisme dans le journalisme sportif, avant d’animer des concours de pâtisserie et « Télématin ». Le regard libre d’Elisabeth Lévy.
Tempête sur les réseaux sociaux. Même Michel Drucker, a-t-on envie de dire, déchaîne les néo-féministes des deux sexes. Il était invité samedi de Quelle Epoque sur France 2. Marie Portolano et Thomas Sotto, co-présentateurs de Télématin sur France 2 étaient là aussi, pour promouvoir leur émission. Passez-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné… Passons.
Le « vieux monde sexiste » frappe à une heure de grande écoute
Drucker s’adresse à Portolano, auteur d’un documentaire sur le sexisme dans le journalisme sportif intitulé «Je ne suis pas une salope, je suis journaliste» :
« C’est l’ancien reporter sportif qui vous parle Marie, vous avez vraiment souffert avec les copains des sports, avec les mecs des sports ?
– Euh, non! … J’étais pas la seule…
– Ils ont vraiment eu des attitudes inconvenantes, vraiment? »
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Précisons qu’il a un sourire en coin, bienveillant et un brin paternel. Sur le plateau, personne ne moufte. Tout de même c’est Drucker. Et Léa Salamé lance un autre sujet.
Mais sur les réseaux, c’est un véritable hallali. « A vomir, une honte, qu’il dégage ce fossile » peut-on y lire. Ce « vraiment » ne passe pas.
Il croit qu’on ment ! s’indignent des femmes témoignant dans le documentaire. 20 Minutes parle carrément de questions misogynes[1], Télérama déplore un « désolant paternalisme » et un certain Rémi apporte son soutien à Portolano, laquelle aurait été victime d’une agression, selon lui. On aimerait savoir ce qu’en pensent les victimes de vraies agressions.
Michel Drucker a peut-être été maladroit…
Mais il a POSE UNE QUESTION ! Drucker est un peu perplexe, car, lui, à son époque, aux sports, il n’a pas vu cela. Il se demande peut-être si les mots ont le même sens aujourd’hui qu’hier. Une blague lourde, c’est une agression? Un compliment, c’est sexiste ? Le documentaire de Mme Portolano révèle certainement des choses qui nous semblent accablantes aujourd’hui. Que tout le monde acceptait alors.
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Je vous disais récemment que la révolution #metoo entrait dans sa phase terroriste. Que ça tombe sur Michel Drucker, l’urbanité faite homme, le prouve. Personne ne l’accuse de s’être mal comporté, mais pour une question – je le répète – il devient l’ennemi du peuple, l’ennemi des femmes. Questionner la parole des femmes, comme celle du Parti ou de Dieu, c’est blasphématoire. Douter est un crime. Vous avez juste le droit de vous prosterner et de dire « Amen ».
Autre classique totalitaire : la dénonciation des pères. Pour que les lendemains chantent, les hiers doivent avoir été une longue nuit. Au rancart les boomers. En réalité les petits gardes roses d’aujourd’hui ont plus en commun qu’ils ne le croient avec leurs parents et leurs grands-parents ex-soixante-huitards et ex-extrême gauchistes: le fanatisme, l’intolérance, l’esprit de procès et de lynchage.
En prime, ils ont lu moins de livres.
[1] https://www.20minutes.fr/arts-stars/people/4070581-20240115-epoque-malaise-apres-serie-questions-misogynes-michel-drucker-marie-portolano
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