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Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française?

Remis en liberté, la chronique mensuelle d'Ivan Rioufol


Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française?
Assemblée nationale, 1er octobre 2024 © Thibault Camus/AP/SIPA

Les carnets d’Ivan Rioufol, chaque mois dans le magazine


Michel Barnier résistera-t-il longtemps à la colère française ? Elle s’alimente d’un demi-siècle de maltraitance infligée à la classe moyenne par des dirigeants convertis à la révolution mondialiste qui rend l’âme. La constitution du gouvernement, le 21 septembre, autour des perdants des législatives (la Macronie, les LR) ne calmera évidemment pas les frustrations des citoyens méprisés. D’autant qu’une partie des 47 députés LR affiliés au Premier ministre ont été élus avec l’appui de la gauche, à l’issue d’un front anti-RN qui n’a réussi, en boomerang, qu’à introniser Marine Le Pen en arbitre suprême de la vie politique. Comment croire que les près de 11 millions d’électeurs qui ont voté pour le Rassemblement national lors des législatives des 30 juin et 7 juillet, et les plus de 7 millions du Nouveau front populaire, puissent accepter d’être écartés par une coalition de coucous, ces oiseaux qui pondent dans les nids des autres ?

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La crise démocratique, amorcée en 2005 avec le refus des élites post-nationales de suivre les citoyens dans leur rejet par référendum d’une suprématie européenne, est un poison qui a contaminé la classe dirigeante accrochée à ses lubies cosmopolites. La clé du destin de la France ne peut être chez les idéologues d’un monde plat et indifférencié. Seuls les Français ordinaires, en passe de se libérer des fanatiques du grand marché uniformisé, ont conservé l’instinct de survie. La gauche a reproché à Barnier, lors de sa passation de pouvoir le 5 septembre, d’avoir parlé des « gens d’en bas » qu’il disait vouloir entendre dans leurs suggestions. Les lyncheurs habituels ont feint d’y voir un mépris de classe. En réalité, c’est cette nation vulnérable des modestes et des parias, abandonnés par le progressisme déraciné au profit des minorités exotiques, qui a lancé la révolte contre ceux d’en haut.

Cette colère française, qui réveille des esprits anesthésiés par la morphine des faux humanistes, a pris le visage d’une femme en larmes accusant ses bourreaux: Harmonie Comyn, la femme d’Eric Comyn, officier de gendarmerie, tué par un chauffard multirécidiviste cap-verdien lors d’un contrôle routier à Mougins (Alpes Maritimes) après un refus d’obtempérer. Le 29 août, lors de l’hommage à son mari, l’épouse a dénoncé l’abandon de l’Etat, cette lâcheté ressentie par beaucoup : « La France a tué mon mari, par son insuffisance, son laxisme et son esprit de tolérance ». Pour elle, « 1981 n’aurait jamais dû exister », c’est-à-dire l’avènement de l’angélisme humanitaire qui poussa Robert Badinter, dès son arrivée au ministère de la Justice en juin 1981, à faire libérer 40% des détenus, avant d’abolir la peine de mort. Cette mise en cause des puissants, portée par une femme de militaire, a dépassé la détresse d’une veuve. Harmonie Comyn est devenue la porte-voix d’un malheur collectif. Son réquisitoire a rejoint celui des citoyens trahis. Ceux-ci entendent demander des comptes aux irréfléchis qui ont conduit le pays dans cette faiblesse sécuritaire, identitaire, sociale, économique. Le procès des saccageurs est ouvert.

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La rébellion des invisibles n’est d’ailleurs pas propre à la France. Le phénomène parcourt l’Occident, dont ses stratèges se sont perdus dans l’auto-dissolution universaliste et la naïveté face à l’islam remplaciste. Une même colère entraîne Donald Trump vers une possible victoire contre l’establishment américain, en novembre. Lors de son premier discours, le 17 juillet, son colistier, le sénateur J.D. Vance, s’est posé en porte-parole des déclassés. En Allemagne, les victoires de l’Afd en Saxe et en Thuringe, préludes à une envolée de ce mouvement anti-immigration et anti-islam, ont poussé le chancelier Olaf Scholz à réintroduire, le 16 septembre, des contrôles aux neuf frontières du pays. En 2015, Angela Merkel avait été louangée (« Mère Angela ») pour avoir accueilli, dans l’esprit de Maastricht (1992), plus d’un million de réfugiés musulmans, important parmi eux l’antisémitisme coranique. En Grande-Bretagne, les émeutes de Southport contre les immigrés, en août, ont révélé l’exaspération d’une population confrontée à un gouvernement conservateur qui a laissé venir en 2023 près de 700.000 exilés ! Le choix de libérer 5500 prisonniers, afin de faire place aux condamnés des insurrections, va aggraver la rage anglaise. Elle puise aussi sa source dans l’omerta imposée, au nom de l’antiracisme, sur les viols de milliers de jeunes blanches, à Telford, Rotherham et Rochdale, livrées à des réseaux musulmans pakistanais de 1980 à 2010.

Les faits sont là : le progressisme sectaire et ses utopies sans-frontièristes s’effondrent. Même l’abbé Pierre, béatifié par le camp du Bien connaissant ses vices, se dévoile dans ses turpitudes dénoncées par 24 femmes…

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Octobre 2024 - Causeur #127

Article extrait du Magazine Causeur



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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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