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La droite sans gazole ni vachettes

De quoi Michel Barnier est-il le nom ?


La droite sans gazole ni vachettes
Les vachettes d'Intervilles, Michel Sardou et la Renault 17. DR.

L’ancien candidat à la primaire LR de 2022 a été nommé hier Premier ministre. L’union des droites ne viendrait-elle pas, en catimini, d’avoir lieu ? 


Jadis, il existait un nom consacré pour des journées comme celle d’hier. On parlait de mariage de raison. Le genre d’union célébrée en toute discrétion, sans bouquets de fleur ni vin d’honneur. Hier à Matignon, même si personne n’osait le dire, l’évidence était dans tous les esprits : cet été la France a fauté. Alors qu’elle semblait avoir obéi à ses directeurs de conscience en faisant impeccablement barrage aux assauts d’un jeune premier nommé Jordan, la Gauloise réfractaire s’est en réalité bel et bien donnée à la droite. L’analyse de son hémicycle ne laisse aucun doute à ce sujet. Il a fallu des semaines pour accepter la honteuse mésalliance. Mais, qu’on le veuille ou non, France et conservatisme vont devoir faire un bout de chemin ensemble.

Barnier, le gendre idéal

Problème : la belle famille – j’ai nommé le clan désuni de la droite –  est à couteaux tirés. Incapable de s’entendre depuis des décennies. Une bonne partie de ses membres, et non des moindres, en particulier la branche Le Pen, ont d’ailleurs prévenu qu’ils ne participaient pas à la noce. On se contentera donc de leur approbation du bout des lèvres, et c’est déjà un exploit… Il faut dire qu’ils auraient eu mauvaise grâce de venir perturber la cérémonie. Depuis cinquante ans qu’il occupe les postes les plus variés de la vie politique (conseiller général, député, sénateur, ministre, commissaire européen), l’heureux élu, un certain Michel Barnier, ne leur a jamais manqué de respect.

À lire aussi, Gabriel Robin: Michel Barnier: Macron demande à l’ancien monde de sauver le nouveau

Et puis, il a beau être le prototype de l’apparatchik chiraquien, européiste et soporifique, il y a dans le style Barnier, quelque chose de rigide et de vieille France qui n’est pas pour déplaire au RN. Hier, dans son discours d’investiture, le Savoyard a d’ailleurs salué à sa manière les grands absents du jour en prononçant tous les mots de l’infréquentabilité : “sécurité”, « maîtrise de l’immigration », “sentiment d’abandon et d’injustice”. Bien sûr, beaucoup pensent que son physique et ses manières de gendre idéal ne suffiront pas à sauver les apparences, et que l’accord tacite avec la droite populiste explosera en plein vol dès les premières turbulences venues. Mais est-il interdit de rêver ? Et de se souvenir que, jadis, les mariages de raison faisaient les foyers les plus solides et les plus heureux ?

Les vieux mariés

Alors rêvons un peu. Et constatons que ce n’est pas la première fois, dans l’histoire récente, que nous assistons à des réconciliations, que dis-je à des résurrections, auxquelles plus personne ne croyait. Prenez l’Otan. D’aucuns la disaient en état de mort cérébrale… Depuis deux ans pourtant, toute l’Europe, ou presque, lui dit et redit son amour. Prenez aussi les frères Gallagher, qui, après des années de haine, vont reconstituer le groupe de rock Oasis. Prenez, enfin et surtout, des fleurons de notre culture populaire tels que Michel Sardou, la Renault 17 et Intervilles, dont les prochains retours viennent d’être annoncés coup sur coup cette semaine. Les esprits chagrins déploreront sans doute que le premier revienne sur scène dans une pièce de théâtre et pas pour un tour de chant, que la seconde ait troqué le bon vieux moteur au gazole contre la technologie électrique, et que la nouvelle version de l’émission créée par Guy Lux ait renoncé aux joutes de vachettes. Michel Barnier c’est un peu cela au fond : la droite sans gazole ni vachettes. Mais la droite quand même.



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est journaliste.

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