En Allemagne, un entrepreneur est condamné pour avoir affiché dans son jardin des pancartes moqueuses envers les Verts.
Michael Much, gérant d’une société de taxis dans la petite ville bavaroise de Bad Tölz, se retrouve prochainement devant le tribunal local pour avoir refusé de payer une amende de 6 000 euros. Son tort ? Avoir affiché dans son jardin, au bord d’une route très fréquentée, de fausses affiches de campagne parodiant les Verts, qu’il semble avoir pris en grippe. Lors des élections régionales de septembre 2023, ce supporter assumé de la CSU (Parti conservateur bavarois) avait attiré l’attention de toute la région avec ses créations originales. Exemple : le ministre fédéral de l’Économie, Robert Habeck (issu des Verts) en prenait pour son grade dans une affiche où Much s’interrogeait : « Sait-il seulement compter jusqu’à trois ? » Une autre singeait plusieurs caciques du parti, dont la patronne Ricarda Lang représentée en rouleau compresseur surmonté de la phrase « Nous allons tout aplatir ». Reprenant les codes couleur et l’identité visuelle du parti, le pastiche faisait son petit effet. Sans doute Much reprenait-il à son compte la tradition séculaire de la Liberalitas Bavariae, tolérance sur la liberté d’expression qui remonte au XVIIIe siècle dans l’ancien Royaume aux losanges blancs et bleus.
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C’est pourtant l’infraction d’injure publique qui est retenue contre l’intéressé dans la convocation du tribunal, qui précise que celui-ci s’est « servi des affiches pour exprimer son mépris envers les personnes lésées », et ce « en période électorale à l’encontre de personnalités publiques ». À la tête d’une entreprise de 35 salariés créée par son arrière-grand-père, Much ne se laisse pas impressionner. Interrogé par le quotidien national Die Welt, l’entrepreneur charge la politique du gouvernement Scholz, l’accusant d’être responsable de « l’explosion des coûts », notamment des matières premières, qui « submerge » les entreprises. Le quinquagénaire affirme avoir voulu exprimer son mécontentement de façon originale et juge ses affiches inoffensives, confirmant au journal Merkur avoir reçu beaucoup de soutiens. Son avocat plaide la liberté d’expression et juge l’action du parquet « excessive ».