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Meurtres à France Télécom


Meurtres à France Télécom

C’est le polar de l’été. Michel D., 51 ans, a été retrouvé assassiné à son domicile. Il était salarié de France Télécom à Marseille et son corps sans vie a été découvert le 14 juillet. L’inquiétude grandit à la direction, car le mystère reste entier. Il semblerait en effet qu’un redoutable serial quileur ait décidé de semer la panique dans la prestigieuse entreprise. C’est la dix-huitième fois qu’il frappe depuis février 2008, faisant en moyenne une victime par mois, sans compter une dizaine d’autres tentatives, heureusement déjouées in extremis.

Qui peut en vouloir à ce point à notre fleuron national de l’industrie des télécommunications, modèle d’une privatisation réussie dans le bonheur, l’harmonie et d’une exemplaire concertation entre partenaires sociaux travaillant de concert sous les bienveillantes directives bruxelloises ? Un concurrent étranger ? Une secte adoratrice de l’orange et qui ne supporte pas l’utilisation publicitaire d’une couleur sacrée ? Des anarcho-autonomes luddites ? Oui, qui veut faire échouer ce bel exemple de modernisation et de restructuration réussies ?

On le voit, les pistes sont multiples, mais le pire réside dans l’incroyable perversité du sérial quileur, qui n’hésite pas à maquiller ces assassinats en suicides pour discréditer l’image de France Télécom comme modèle social. Jack l’éventreur, Ted Bundy, Guy Georges sont ici largement battus et font figure d’amateurs sans imagination. Ainsi a-t-on retrouvé près du corps de Michel D., comme chez les autres victimes, une lettre manifestement fausse qui met en cause « l’urgence permanente », « la désorganisation totale de l’entreprise », voire « le management par la terreur».

Heureusement, les autorités ne se sont pas laissé duper. Il faut dire que le sérial quileur en a quand même fait un peu trop.

À qui fera-t-on croire de telles énormités ? Surtout quand on lit à propos de cette tragique affaire l’entretien donné par le directeur des relations sociales de France Télécom dans l’édition du 28 juillet du Parisien-Aujourd’hui en France : « Quand on fait bouger une entreprise comme France Télécom, qui compte plus de 100 000 salariés, en si peu de temps, on remue tout le corps social. Mais cette mue s’est mise en place avec des mesures d’accompagnement comme la mise en place d’espaces d’écoute et la formation de manageurs pour repérer ce qu’on appelle des “signaux faibles” pour les salariés. »

Un tel humanisme dans la démarche discrédite évidemment la thèse aberrante des suicides à répétition.

Et pourtant… Certains n’hésitent pas, en toute irresponsabilité, à l’exploiter cyniquement. Ainsi quelques cadres surmutualisés de la CGC et des gauchistes de SUD-PTT n’ont ils pas hésité à mettre en place un « Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom » et dénoncé « le silence assourdissant de la direction ».

Les salauds. Il n’y a pas d’autre terme pour désigner ces archéo-syndicalistes qui n’ont pas conscience que leurs gesticulations indignes font le jeu d’un tueur en série tapi dans l’ombre et qui, n’en doutons pas, s’apprête encore à frapper.

Plutôt que de faire front avec leur direction, ils instrumentalisent un atroce fait divers pour ranimer la lutte des classes, ou pire encore, allez savoir, pour nous faire revenir à l’inefficacité du vieux service public et des incroyables prébendes que s’accordaient alors des fonctionnaires privilégiés et fainéants.

Faudra-t-il attendre que le chiffre de vingt sui…, euh pardon, de vingt assassinats soit dépassé pour qu’ils aient enfin la décence, ces syndicalistes, d’œuvrer efficacement à la recherche du tueur, ou alors de se taire, une fois pour toutes ?

On peut toujours rêver.

Août 2009 · N°14

Article extrait du Magazine Causeur



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