Une tribune libre de Jean Messiha, porte-parole d’Eric Zemmour
Sous les lazzis, les quolibets et les accusations les plus infamantes, le courant national a théorisé il y a quelques années la notion d’islamo-gauchisme, aujourd’hui largement partagée par une grande partie des faiseurs d’opinion. Et pour cause. La gauche a abandonné depuis plusieurs années le peuple français, et en particulier ses classes populaires, enfourchant les combats d’un électorat de substitution, largement musulman, pour lequel elle prend fait et cause. Et le moins que l’on puisse dire c’est ce que cela se voit. Nous connaissions par exemple, depuis 2020, les affaires de Trappes, l’insolente passivité de son maire étiquetté Génération.S,Ali Rabeh, sur l’instauration progressive d’un mode de vie à l’islamique dans certains quartiers. Stéphane Kovacs, le 12 février 2021, consacrait une chronique dans Le Figaro, où il exposait le danger du comportement autoritaire du maire de Trappes face au professeur de philosophie Didier Lemaire menacé de mort dans son lycée pour avoir rapporté la défiance souvent violente de ses élèves face à un enseignement laïc et républicain. On pouvait notamment lire : « le maire, Ali Rabeh, est venu distribuer des tracts blâmant l’enseignant, jusque dans l’enceinte de l’établissement ». Que le rôle de Rabeh dans l’essor islamiste soit passif ou actif, la suite de l’enquête l’éclaircira.
Mais la droite n’est pas en reste en matière de collaborationnisme islamique. Elle y a, elle aussi, avec le centre, la part belle. La même année en effet, en 2020, une étude approfondie conduite sur une longue période par Eve Szeftel, journaliste à l’Agence France Presse, nous révélait, dans un ouvrage détonnant et abasourdissant : Le Maire et les Barbares, des preuves tangibles de la collaboration aussi secrète qu’étroite entre le président du parti du centre UDI, Jean-Christophe Lagarde, et des associations et responsables religieux musulmans des villes de Bobigny et de Drancy, ses fiefs électoraux.
Cette enquête a levé le voile – si l’on ose dire – sur un phénomène existant de longue date : celui du clientélisme politique. L’élasticité docile de Lagarde avec l’islam politique fut l’objet d’une retentissante « Une » du Point : « communautarisme, pactes avec des voyous ou des islamistes : ces élus qui ont vendu leur âme » (article paru le 13 févr. 2020 à partir d’informations de terrain collectées par Nadjet Cherigui, Hugo Domenach et Clément Pétreault).
L’hommage-anniversaire rendu à Ilan Halimi, enlevé en janvier 2006 par le gang des Barbares, a permis de relancer ces liens pour le moins troubles entre l’élu centriste et l’islam radical. Ces Barbares ont, en effet, été évoqués par l’enquête d’Eve Szeftel où elle dévoile leurs rapports avec la municipalité UDI de Bobigny, ville-préfecture de la Seine-Saint-Denis régie par Lagarde à l’époque des faits. Et bien évidemment, cette proximité a refait surface à l’occasion de l’annonce du ralliement du même Jean-Christophe Lagarde à Valérie Pécresse.
La main tendue par la candidate LR à la présidentielle au président de l’UDI fait scandale parce qu’elle percute frontalement une déclaration de novembre 2021, faite par Eric Ciotti, pilier de la campagne de Pécresse, qui exprimait le mépris immuable qu’il porte à Jean-Christophe Lagarde. « Rassurez-vous, affirmait-il comme s’il s’adressait à lui-même, pour ma part je n’accepterai jamais le soutien d’un personnage qui appelle au meurtre d’un responsable politique (Eric Zemmour) et qui est accusé de connivence avec les islamistes. Monsieur Lagarde ne représente en rien les centristes ». Mais la politique est, par excellence, le terrain de prédilection de la réal-politik. Avec les enjeux présidentiels qui commandent un rassemblement à tout prix pour certains, Eric Ciotti a soudain perdu son credo pourtant maintes fois répétés : « Lagarde, ce sera sans moi ». Sa dénonciation d’un personnage parjure en plus d’être grossier et violent, s’est évaporée dans l’illusion ouatée d’une victoire à l’élection présidentielle. Mais malgré l’incohérence et le reniement mensonger du candidat défait de la primaire LR, tout aurait pu s’arrêter là.
Et patatras ! On apprend il y a quelques jours que deux autres figures des Républicains, au cœur de la stratégie de campagne de Valérie Pécresse, Patrick Karam et Damien Abad, ont eux aussi des relations pour le moins ambiguës avec l’islamisme.
Ces révélations, au demeurant fort bien documentées et sourcées, proviennent du lanceur d’alertes Damien Rieu qui dénonce à juste titre le double discours de cette droite qui roule des mécaniques contre l’islam radical sur les plateaux et dans l’hémicycle mais qui, une fois revenue dans ses pénates électoraux, pactise avec lui. La multiplication des figures de droite duplices et complices fait ainsi apparaître, de ce côté de l’échiquier politique, les contours d’un islamo-droitisme évident.
Patrick Karam est membre du conseil régional d’Île-de-France et conseiller privilégié de Valérie Pécresse pour sa campagne présidentielle. Il est accusé de soutenir l’ancien recteur de la mosquée de Pantin, fermée temporairement pour séparatisme et tentation djihadiste. Rien que ça.
Et le très islamo-gauchiste Libé, dans un article paru le 3 février 2022, vient à la rescousse de l’islamo-droitiste Karam. Que dit Libé pour défendre l’élu LR ? Dans l’affaire de Pantin, rien de grave, paraît-il. « Quelques politesses sans grande portée adressées, en 2015, au secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, Mohammed Henniche » ! Il s’agit, en réalité, bien plus qu’un simple « échange de politesses ». Cette déclaration d’amitié est ni plus ni moins qu’un retour d’ascenseur. Julien Duffé, le 15 mars 2012, commettait un article dans le Parisien dans lequel il évoquait une « polémique sur les bus musulmans de l’UMP » : « Un bus affrété par l’UMP emportant à son bord uniquement des fidèles musulmans pour participer au meeting géant du candidat Sarkozy. La scène s’est répétée une quinzaine de fois […] en Seine-Saint-Denis, vingt-cinq fois en Ile-de-France. L’information, révélée mardi soir par le « Canard enchaîné », nous a été confirmée hier par le secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis, Mohammed Hennich […] « En octobre, Patrick Karam (NDLR : en charge de la diversité pour le candidat Sarkozy) m’a demandé à être mis en contact avec des mosquées et des associations musulmanes ».
Circulez, y a rien à voir ? Pas vraiment. L’auteur de la rédaction de Libération ose dans le même papier : « on connaît mieux [Mohammed Henniche] depuis qu’il a provoqué, en 2020, la fermeture pour six mois de la mosquée de Pantin, dont il était le recteur. Il avait relayé la vidéo d’un parent d’élève mettant en cause Samuel Paty, propos qui allaient entraîner l’assassinat du professeur d’histoire […] » C’est cet homme sur lequel Patrick Karam ne tarit pas d’éloges lorsqu’il accompagne Valérie Pécresse au dîner de l’UAM 93, pour l’Iftar (repas de jeûne toléré le soir pendant la durée du Ramadan) du Blanc-Mesnil du 8 juillet 2015, dans le contexte des élections régionales. Le fameux « conseiller communautarisme » de la présidente de la Région Ile-de-France déclare, s’adressant à l’islamiste : « nous avons un long passé commun », et le félicite publiquement.
Mais bien entendu pour Libé, ce sujet est de second plan. Ce qui est peu étonnant : le déni de réalité est pour les islamo-collabos de quelque bord qu’ils soient, un facteur important de passivité ou de procrastination. Ce monde les avantage : pourquoi diable en dénonceraient-ils les failles ou même les méfaits ?
Le nom de Damien Abad apparaît également sur les radars de Damien Rieu pour illustrer la notion d’islamo-droitisme. Abad fut conseiller municipal, député européen, conseiller régional, président de conseil départemental et aujourd’hui président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale. Un curriculum vitae pour le moins fourni politiquement. Rompu aux campagnes de terrain, Damien Abad se rend, en pleine campagne des législatives de 2017, dans une mosquée à Ambérieu-en-Bugey (visite attestée le 7 juin 2017), dirigée par des islamistes turcs et dont l’une des particularités était de promouvoir des pans de la pensée de Muhmmad Ibn Sâlih al’Uthaymîn, figure islamique qui prescrivait notamment la peine de mort pour les homosexuels et les musulmans « négligés » (attitude se rapprochant, selon l’intellectuel, d’une forme d’apostasie à châtier). Cette mosquée a pour autres « faits d’armes » la promotion d’un certain Zakir Naik qui n’est autre qu’un soutien de Ben Laden… (présence remarquée de sa photographie sur une publication datant du 22 novembre 2015, neuf jours après les attentats du Bataclan et du Stade de France, sur la page Facebook de la Mosquée Assalam Amberieu-en-Bugey)
Simple maladresse politique de l’élu LR pris dans le tourbillon électoraliste ? Admettons. Mais alors pourquoi réitérer en 2021 son soutien à une mosquée idéologiquement avoisinante ? Les islamistes turcs « aux manettes » de cette mosquée se targuaient ouvertement de défendre la politique impérialiste du sultan Erdogan et refusaient de signer la Charte des principes pour l’Islam de France. Comme seule justification, le candidat devenu député Damien Abad déclarait ne pas vouloir « stigmatiser » une association dont « beaucoup de ses membres sont investis dans la vie économique du territoire, et associés aux valeurs de la République ». On croit rêver. Une telle déclaration confirme en réalité ce que Damien Abad s’évertue à nier. Les membres de cette association ne respectent donc pas les valeurs de la République mais y « sont associés ». C’est vrai puisque c’est Abad qui le dit. En outre, l’argument économique évoqué prouve également les arrangements qui coexistent entre certains territoires enrichis par l’illégalité (et/ou le séparatisme provocateur) et les fruits électoraux qu’en tirent des élus locaux attachés à leur seule survie politique.
Un orgueil qui participe indéniablement d’une intention de fermer les yeux sur les actions de groupes ennemis de la France et des Français pour peu que cela ait des retombées électorales. Exemple d’une déclaration timorée de Damien Abad sur l’affaire Mila, expliquant, le 5 février 2020 sur LCI face à Elisabeth Martichoux, qu’à la défense de cette jeune femme menacée de mort, il préfère apposer « une barrière » à la liberté d’expression quand il l’estime « détournée pour créer de la haine anti-religieuse ». Cette déclaration, alambiquée s’il en est, rappelle étrangement les manies rhétoriques d’Emmanuel Macron ou de Valérie Pécresse. Elle montre, au moins sur cette question cardinale de l’islam en France, une porosité sinon une identité de vues entre la hiérarchie LR et celle de LREM.
L’absolue nécessité de se disculper face à ces accusations accablantes a conduit Patrick Karam à devenir un stakhanoviste médiatique (jusqu’à minuit et demi sur LCI, dans la fin de soirée de mercredi 2 février au jeudi 3 février 2022). Sa stratégie de défense ? Esquiver l’inconfort de sa situation actuelle en tapant sur Eric Zemmour. Une vaste blague tant Eric Zemmour est le candidat le plus inflexible en matière de lutte contre l’islamisme. Avec Zemmour, il n’y aura pas de reniement des convictions, ni à des fins électoralistes ni à d’autres fins. Il fera ce qu’il dit et il pourra compter sur tous ceux qui l’ont rejoint en préférant leur pays à leur parti.
Et que répond Eric Ciotti à ces accusations ? « Il y a autour de Zemmour des gens dangereux », fulmine-t-il. Placide, Damien Rieu lui répond par ces mots d’une logique élémentaire : « Quand on considère que l’information est un danger, c’est qu’on n’a pas la conscience tranquille ».
Comment les Français peuvent-ils donc accorder leur confiance à ceux qui en matière de lutte contre la lèpre islamiste les ont si souvent trahis et continuent à le faire ?
La complaisance du pouvoir, sinon sa complicité depuis des décennies, atteindrait les mêmes sommets avec Pécresse que sous le quinquennat Macron. L’Obs titrait cette semaine : « Souvent Valérie varie » (27 janvier 2022). Y a qu’un malheur : l’électorat LR demeure, lui, attaché aux valeurs régaliennes, à l’identité nationale, à la probité, à l’autorité et à la sécurité. L’incroyable est que Valérie Pécresse n’a de cesse d’éluder ces affaires, soit en refusant obstinément d’en parler, soit, le plus souvent, en accusant ceux qui les ont révélées de harcèlement. Elle laisse les LR organiser des conférences de presse contreproductives où ses lieutenants non seulement refusent tout mea culpa ne serait-ce que concessif, mais surtout fuient le moindre début d’explication. Dès lors, comment ne pas rire de la déclaration de Valérie Pécresse qui promet de sortir le Karcher de la cave, alors qu’elle n’est pas capable de le sortir de son placard pour débarrasser son propre parti des miasmes islamoïdes ?
L’islamo-gauchisme a largement contribué à tuer la gauche, réduite aujourd’hui à une poignée de confettis électoraux. De la même manière, l’islamo-droitisme est en train de consumer la droite traditionnelle à petits feux.
Depuis des années, Eric Zemmour n’a eu de cesse d’alerter sur l’islamo-gauchisme qui participe à la mort programmée de la France. Depuis des années, il dénonce le clientélisme complice de nombre d’élus de droite avec l’islamisme. Pour cela, il est sous protection policière. C’est ainsi Chamfort qui avait raison quand il écrivait qu’« en France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin ». Gageons que les Français ouvrent les yeux sur l’ampleur de ces trahisons et choisissent le seul candidat qui agira enfin pour les sauver. Car, n’en déplaise à tous ses détracteurs, non, la France n’a pas dit son dernier mot.
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