Deux ans après sa participation à l’émission The Voice, la jeune chanteuse Mennel Ibtissem a accordé un entretien à l’Obs, alors qu’elle ne porte plus le voile et s’apprête à sortir un nouvel album. Elle confie que son ex-mari musulman ne voulait pas qu’elle fasse de musique, et a pris conscience qu’elle était instrumentalisée par des militants politiques et religieux…
Au mois de juillet dernier, Mennel Ibtissem poste un cliché d’elle sans le voile, vêtue d’une chemise blanche, sur Instagram. Réjouissant pour certains, fort déplaisant pour d’autres.
« Ce jour-là j’ai perdu 13 000 abonnés d’un coup », a confié la chanteuse dans un entretien accordé à l’Obs. Pas vraiment une surprise, car l’image de Mennel cheveux aux vents est loin d’être anodine. En 2018, alors âgée de 23 ans, elle avait participé à l’émission The Voice avec un voile, avant d’être contrainte de se retirer du télécrochet à cause d’anciens tweets complotistes écrits en 2016 sur les attentats de Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray. Elle était alors devenue une icône pour les pourfendeurs de l’islamophobie. Selon ces derniers elle avait quitté l’émission parce que musulmane.
Ceux qui se sont désabonnés de son compte s’attachaient certainement plus au symbole politique qu’elle représentait, un peu malgré elle, qu’à sa musique. « Je me suis rendu compte du fanatisme, de la sexualisation de la famille, aussi, car ça dépasse la religion. Il y avait des gens qui me suivaient sur les réseaux sociaux pour une image: j’étais le reflet de leur propre guerre » explique, enfin lucide, la jeune chanteuse dans les colonnes de l’Obs.
Oui: la jeune femme était une caution pour pousser des cris d’orfraies face à la supposée islamophobie de la société française, et faire avancer les demandes communautaristes.
Le cas Mennel longtemps utilisé pour faire avancer la rhétorique victimaire des islamistes
Pour Causeur, c’était entendu depuis bien longtemps. Notre journal en avait fait sa Une en mars 2018 : « L’islamisme à visage citoyen », « Mennel, icône malgré elle ».
Elisabeth Lévy écrivait alors: « Son joli minois enturbanné est devenu un symbole de nos tourments collectifs […] Si elle peut apparaître comme une égérie communautaire quand elle récite le catéchisme victimaire de la discrimination, une partie de sa génération, au-delà même de la France musulmane, partage sa vision dieudonniste du monde et de la politique. » Si le jugement était alors sans doute un peu trop sévère à son égard, peut-être que les critiques acerbes produites par notre journal et d’autres ont permis à Mennel de réfléchir. Qui sait ?
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En attendant, Mennel n’est plus ce qu’elle était. Une belle vitrine pour les partisans de l’islam politique. Mieux, elle apparaît désormais comme une jeune femme émancipée, potentiellement inspirante pour d’autres. Reste à savoir si son prochain album qui sortira dans les bacs en 2021 sera de qualité et lui permettra d’être (enfin) connue en tant qu’artiste. Car Mennel a rappelé dans son interview à l’Obs qu’elle n’était « pas politicienne, pas dans un parti féministe, pas porte-parole ».
Un mari musulman qui ne voulait pas la voir chanter
Non, Mennel est avant tout une artiste, qui veut vivre de sa musique. Ce qui n’a pas toujours été évident. Dans son entretien à l’Obs, la chanteuse s’est confiée sur sa vie privée. On y apprend qu’à la suite de sa participation à The Voice, elle a épousé un musulman américain et s’est installée avec lui dans le Colorado. Problème : « Il ne voulait pas que je fasse de la musique », se souvient Mennel, désormais divorcée. Le titre de son nouvel album « Heal », signifie guérir en français. Elle explique qu’elle y décrit, « la colère, le déni, l’acceptation. Pour finir avec la liberté retrouvée », et affirme à l’Obs que « tout ça aura été un mal pour un bien ».
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