Entretien avec Mendy Habib, responsable de l’ONG Zaka
Mendy Habib, responsable de l’ONG Zaka, vient de passer trois jours au sud d’Israël, sur les lieux mêmes où, samedi dernier, l’attaque terroriste du Hamas s’est produite. La Zaka est un organisme caritatif juif, qui intervient après les accidents graves et les attentats pour prendre soin des dépouilles des victimes, récolter les moindres morceaux de chair et projections de sang afin de permettre aux services funéraires d’être aussi observants que possible.
À l’heure où certains doutent des crimes les plus ignobles attribués aux djihadistes gazaouis, il a accepté de témoigner par téléphone, depuis son domicile de Kfar-Habad dans la banlieue de Tel Aviv, pour dire ce qu’il a vu.
Causeur. Qu’est-ce que la Zaka ?
Mendy Habib. Nous sommes des bénévoles religieux qui identifions les victimes d’attentats et reconstituons l’intégrité de leur corps afin qu’ils soient enterrés dignement. Nous faisons un travail très patient et méticuleux car, dans la foi juive, le corps est aussi sacré que l’esprit.
Vous êtes-vous rendu sur les lieux des récents massacres ?
Oui, notamment au kibboutz Beeri.
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Parmi les horreurs perpétrées par le Hamas, on a parlé de femmes enceintes éventrées. Confirmez-vous ce fait ? En avez-vous vu de vos propres yeux ?
Oui, j’en ai vu.
Les autorités israéliennes et américaines ont également évoqué des enfants décapités. En avez-vous vu ?
Oui, j’en ai vu au kibboutz Beeri. J’ai notamment vu un bébé décapité.
Avez-vous des preuves photographiques ?
Non, nous ne sommes pas Daesh. Par respect, nous ne faisons pas d’images. Mais les enregistrements sonores de nos conversations pendant que nous étions auprès des cadavres ne laissent pas de doute. On entend des échanges terribles comme: « Savez-vous où se trouve la tête de ce corps ? Avez-vous vu ses bras ? »
Comment avez-vous vécu cette mission ?
C’est extrêmement éprouvant. Au cours de ces trois derniers jours, j’ai vu davantage de morts qu’en 25 ans.
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