Accueil Politique Mélenchon vu du PS : vieux pote ou Pol Pot ?

Mélenchon vu du PS : vieux pote ou Pol Pot ?


Mélenchon est notre meilleur ami. Voilà ce qu’on répète en chœur au Parti socialiste. En faisant mine de ne pas s’inquiéter de la montée du tribun rouge dans les sondages. Au contraire, il paraît même que le leader du parti de gauche est un aspirateur à voix frontistes, populaires et abstentionnistes. Qu’il cimente le socle de gauche qui verra triompher la social-démocratie normale, comme le candidat du même métal, dès le 6 mai prochain.
Voilà pour la jolie fable pour enfants. Mais les ennuis commencent à être indexés sur la courbe de popularité de camarade Jean-Luc.

Ça craque chez Gérard Collomb, le député maire de Lyon qui entonne le chant des communiss et leurs alliés qui ont tué des millions de gens dans Le Figaro le 29 mars : « Le modèle qu’il défend, on l’a essayé en URSS, au Cambodge, ça ne marche pas. » « Son programme n’est pas fait pour être appliqué mais pour frapper les esprits », poursuit le maire de Lyon. La réaction de Mélenchon on s’en doute , ne s’est pas fait attendre « Me comparer à Pol Pot est une nouveauté dans l’infamie que je ne suis pas prêt d’oublier (…) J’attends le socialiste qui inviterait Collomb à réserver ses coups à l’extrême droite ».
Après Collomb et ses exagérations -peu respectueuses, disons-le au passage, des vraies victimes du vrai génocide cambodgien, le PS a délégué Arnaud Montebourg. pour approcher, flatter et finalement tacler le candidat du Front de gauche. Résultat, le député de Saône et Loire qualifie JLM de « Georges Marchais des temps modernes », en saluant son verbe et ses sorties. Mais appelle à voter Hollande dès le premier tour, rappelant perfidement que si en 1981 Marchais avait devancé Mitterrand au soir du premier tour, Giscard aurait été réélu dans un fauteuil quinze jours plus tard.

Bref, à gauche les coups bas entretiennent l’amitié, d’autant que Mélenchon ne se prive pas, lui non plus, de pourrir ses ex-camarades de parti : ici, il parle « d’un gouvernement Hollandréou » où il n’aura pas sa place. Là, il dénonce le programme du candidat PS, accusé d’être aligné sur celui de Sarkozy en matière d’Europe, de dette ou de retraite à 60 ans.

Non, Mélenchon n’oubliera rien et si ça se trouve, n’aura rien en dépit de son bon score. Voilà Hollande coincé entre des concessions au Front de gauche et des yeux doux aux centristes qui pourraient voter pour lui contre Sarkozy. Comment concilier les deux ?

D’un côté le candidat qui a « un ennemi, la finance » et veut taxer les millions à 75%. De l’autre, celui qui veut lutter contre les déficits, éventuellement renégocier le Mécanisme Européen de Stabilité et ne veut pas effaroucher les marchés. Sans compter que les Verts d’Europe Ecologie ont déjà dealé avec le PS 20 sièges de députés. Clause non assortie d’une revoyure en cas de crash à la présidentielle. Le Front de gauche n’en est pas là, mais son appétit grandit.

Outre ces problèmes de boutiquiers d’Assemblée Nationale, comment imaginer gouverner sans le troisième homme ? Comme dit un socialiste : « On pensait avoir fait taire Hamon et Aubry et les gauchistes du PS, on se retrouve avec un gauchiste de l’extérieur qui vient de chez nous. »

Dans ces conditions, comment radoucir Mélenchon, qui annonce déjà que rien ne calmera sa fureur révolutionnaire citoyenne ? Offrir quelques ministères à des communistes à qui on souhaite d’avance bien du courage ? Snober le gauchiste au nom de la responsabilité et des devoirs et du sang et des larmes qui s’annoncent ? Rien n’a l’air arrêté, Hollande semble vouloir jouer la fermeté. La preuve, il parle plus fort lors de ses discours. Quitte à se mettre à dos l’ensemble des fonctionnaires territoriaux, bobos des villes, artistes maudits, vieux communistes et profs FSU qui voteront pour Mélenchon le 22 avril. Les ouvriers, de toute façon, voteront Le Pen ou iront taquiner l’ablette et le gardon.

Dernière possibilité, la divine surprise, certains dignitaires du PS suggèrent que ce troisième homme fera peut-être pschitt, ce qui n’est pas à exclure. Et d’attendre que Mélenchon au nom de la lutte contre Sarkozy vienne déposer ses voix, comme un seul homme au soir du premier tour, façon Vercingétorix à Solférino. Même contre rien, sans quoi on lui collerait une affreuse responsabilité historique sur le dos, alors que Philippe Poutou de feu le NPA appelle déjà de facto à voter Hollande le 6 mai. Bref, y’a qu’ à attendre la transformation du tigre révolutionnaire en tribun de salon, décoratif, amusant. Et pas très encombrant.



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