Dans le passé, la gauche s’unissait autour de sa composante la plus modérée. Avec la Nupes, c’est le courant le plus extrême qui est à la manœuvre. Les alliés de LFI réussiront à sauver quelques sièges mais en payant idéologiquement le prix fort.
« Je me suis déjà fait baiser dans ma carrière politique mais là, j’ai l’impression de sortir d’un gang bang dans une cave. » Cette réplique tirée de la série Baron noir dit clairement la façon dont se passe souvent l’union de la gauche : après l’idéal du rassemblement de tous les courants, c’est l’hégémonie d’un seul homme qui s’impose.
L’union, un mythe qui permet tous les arrangements
Le PS est longtemps sorti vainqueur de ce jeu de bonneteau au détriment de son frère ennemi, le PCF. Mais aujourd’hui, avec la Nouvelle Union populaire et sociale, c’est à son tour d’être dans la position de dupe et de se voir satellisé. La Nupes entérine la domination de LFI sur ce champ de ruines qu’est devenue la gauche. Le PS, qui s’est servi si souvent de la rhétorique de l’union pour conquérir le pouvoir, est la principale victime d’un accord qui marque une victoire historique : celle du gauchisme révolutionnaire sur la gauche démocratique et républicaine.
Entre ces deux gauches, au-delà d’une question de degrés de radicalité ou de quête de justice, il y a une différence de nature. D’un côté, une vision violente, passionnelle et autoritaire de l’action politique ; de l’autre, une vision démocratique, rationnelle et tempérée de la pratique du pouvoir. De plus, si le communisme et le socialisme étaient deux branches issues d’un même tronc, la gauche multiculturaliste, racialiste et woke qu’est devenue LFI a peu à voir avec l’histoire des luttes sociales et la quête d’égalité de la gauche traditionnelle française. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, ces deux gauches sont irréconciliables et la plus radicale est en train de dévorer l’autre, car elle a su tirer tous les bénéfices du « vote utile ».
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Seulement, l’union demeure un mythe si puissant qu’il fait encore rêver les électeurs. Lors de cette dernière élection présidentielle, les partis de gauche, tous confondus, n’ont représenté que 30 % des votants. Un échec électoral pourtant présenté comme l’annonce de victoires futures. Plus encore, comme un événement fondateur, selon Jean-Luc Mélenchon qui estime sobrement que la Nupes est en train d’écrire une page de l’histoire de France : un tel rassemblement « n’a été fait ni par le cartel des gauches, ni par le Front populaire, ni à la Libération, ni par Mai 68, ni par le programme commun ». Grâce à cette union, son échec au premier tour serait donc le prélude de sa consécration aux législatives…
Alliances de circonstance
C’est ainsi que, réduite à une pure question de
