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Des castors et des hommes

Mélenchon voit son rêve de devenir Premier ministre d'une « nouvelle France » s’éloigner


Des castors et des hommes
Jean-Luc Mélenchon prend la parole après les résultats du premier tour des élections législatives anticipées, Paris, 30 juin 2024. La coalition de gauche qu'il domine est arrivée en 2e position © ISA HARSIN/SIPA

Hier soir, peu après 20 heures, le leader du Nouveau Front populaire Jean-Luc Mélenchon a appelé au retrait de tous les candidats de gauche arrivés en 3e position, aux côtés d’une Rima Hassan arborant un provocant keffieh palestinien. Il s’est ensuite rendu place de la République, pour haranguer la foule de ses soutiens qui occupait les lieux.


Dimanche 30 mai, premier tour des législatives, 20 heures, les Français ont voté : plus de 2.6 millions de procurations et une participation à 66.7% traduisent l’implication citoyenne. Le Rassemblement national et ses alliés ont obtenu 33% des suffrages, le Nouveau Front populaire 28%, la majorité présidentielle 20%, les Républicains non ralliés à Eric Ciotti ont réuni 6,7 % des voix.

Pas un vote pour l’esstrême droite !

Voici donc le camp macroniste aux fraises ; c’est un moment unique : Emmanuel Macron, en dissolvant l’Assemblée nationale, a poussé les Français à sortir de leur torpeur. Débarrassés du mol édredon de la résignation, ils désavouent enfin la caste présidentielle, un peu mondialiste et carrément hors-sol. Toutefois, entre ceux qui souhaitent conserver une identité particulière française et les sectateurs de la compromission avec l’islamisme, la créolisation et l’égalitarisme arasant, le combat s’annonce rude. La bataille pour le second tour est déjà engagée et les grandes manœuvres commencent. Les adversaires du RN brandissent des lames émoussées. Les mousquets enrayés sont de sortie. On cite finement Lamennais : « Souvenez-vous des castors. Vous êtes dispersés sur les bords du fleuve : assemblez-vous, entendez-vous, et vous aurez bientôt opposé une digue inébranlable à ses eaux rapides et profondes ». Le sempiternel mot d’ordre est lancé : tout sauf l’esstrême droite. Sus à ceux qui menacent les valeurs de la République ! Tous les coups sont permis, toutes les alliances sordides encouragées.

Côté Nouveau Front populaire, les choses vont bon train. Jean-Luc Mélenchon flanqué de son égérie Lady Gaza (Rima Hassan) qui arborait un keffieh – on n’en est pas étonné – a aussitôt exhorté « toustes » à castoriser en vue d’un monde assurément meilleur. Le plastronnant gaillard, en Delmar de L’Éducation sentimentale, a, comme à son habitude, « empoigné » une parole qui n’en demandait pas tant, fait vrombir le verbe. Son préambule posé : « Après sept ans de maltraitance sociale, sept ans d’indifférence écologique sous l’autorité erratique du président et celle méprisante de la République, le pays a été mis tout soudain au défi d’une dissolution précipitée (…) » Le bateleur a alors pris le temps de saluer le Nouveau Front populaire, aussi vite monté et installé dans le paysage politique qu’une tente Quechua ou un hôpital de (mauvaise) fortune : « formé il y a trois semaines et en à peine vingt-quatre heure », avec « des candidatures communes dès le premier tour » et « un programme partagé ». Le tribun en a ensuite appelé à la mobilisation afin d’éviter au pays, confronté au RN, d’aggraver les « pires de ses divisions ». À savoir, « celles des inégalités sociales, celles des différences de religion, de couleurs de peau, d’origines sociales ou géographiques ». Face aux sept plaies d’Égypte, pas d’alternative, seule une solution s’impose au deuxième tour : « Pas une voix, pas un siège pour le RN. »

Les dernières audaces de Mélenchon

« Il s’agit de voter pour un autre futur respectueux de toute personne humaine et du vivant dans son ensemble. » La consigne est claire, simple : « Toute votre énergie pour que le NFP permette de réaliser l’union populaire, celle de la France elle-même. », « Prendre position », « s’engager », « convaincre autour de soi ». « Il y va de la France, il y va de la République, il y va de l’idée que nous nous faisons de la vie en commun » poursuit le drôle, balançant l’anaphore sur son auditoire comme autant de pavés sur les barricades. Avec le NFP, « une nouvelle France peut surgir, faite d’unité, de respect pour chacun et pour le vivant, partout, tout le temps » assure sans sourciller le tartuffe qui n’a de cesse de diviser la population et d’alimenter l’antisémitisme à des fins électoralistes.

L’allocution s’est poursuivie par une célébration de la fraternité et de l’unité qui s’est tenue Place de la République, à Paris.

Des  sympathisants du NFP y ont joyeusement scandé, au nom de la fraternité et du respect, on n’en doute pas une seconde : « Israël casse-toi, la Palestine n’est pas à toi » et autre « Tout le monde déteste la police. » À Lyon, les mêmes thuriféraires du vivre-ensemble ont ravagé le centre-ville, dressé des barricades et tiré des mortiers.

Indubitablement, la démocratie est en marche. 




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est professeur de Lettres modernes

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