Le leader de la France insoumise à qualifié le CRIF de mouvement « d’extrême-droite ». Ce dernier réunit les principales organisations juives de France et lui reproche d’être sorti de l’arc républicain en ne condamnant pas les émeutes. Parmi ses comparses de la Nupes et dans toutes les analyses de la presse, on se persuade donc que Jean-Luc Mélenchon est devenu complètement fou. En réalité, son comportement est finalement assez rationnel. Il compte sur les émeutes et la répression pour créer le chaos et renverser les institutions.
Avec tant de frasques, tant d’outrances, Jean-Luc Mélenchon donne l’impression d’être pathologiquement emporté par un irrépressible goût pour la violence politique, une sorte de tropisme révolutionnaire qu’il n’a su tempérer pour apparaitre en « bon père du peuple » qu’à l’occasion des présidentielles de 2017.
Philippe de Villiers sur CNews : « Il est dans sa logique, et sa logique, c’est la logique insurrectionnelle. Quand on vieillit, on revient à son enfance. En fait, il revient au trotskisme. Il veut tout faire sauter. Et donc, la logique insurrectionnelle : il y a une insurrection, il y a le feu, il va là où il y a le feu, pour mettre un peu plus de feu. Voilà. Et deuxièmement, il va là où est son nouvel électorat. » Ainsi, Mélenchon veut mettre le feu « pour mettre le feu » lorsqu’il déraisonne ; lorsqu’il raisonne, il pense à son électorat qu’il flatte en soutenant les émeutes. Le premier est un dérapage, le second, une stratégie.
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Éric Zemmour sur Twitter : « La stratégie de Jean-Luc Mélenchon est claire : devenir le candidat des musulmans coûte que coûte, quitte à flatter sans cesse l’antisémitisme des banlieues, quitte à justifier sans réserve les émeutes, quitte à qualifier d’extrême droite tout ce qui n’est pas d’extrême gauche. »
Mélenchon rêve d’être enseigné sur les bancs de l’école
C’est en réalité bien plus grave que cela. Mélenchon sait que les émeutiers ne représentent pas son électorat largement issu de l’immigration, et qu’une partie importante n’adhère sans doute pas à ses prises de position insurrectionnelles, quoi qu’en disent les indigénistes, pas plus qu’elle n’apprécie ses diatribes contre la police. Alors, pourquoi tous ces excès ? Mélenchon tente son va-tout avant de disparaitre. Après avoir échoué en 2022, il n’a plus grand espoir de prendre le pouvoir par les urnes. La fenêtre de tir est refermée car la population française vire à droite à vitesse grand V et il le sait. Mais il sait aussi que dans notre pays, à l’imagerie révolutionnaire bien connue, la période est particulièrement instable. Le risque est grand d’une émeute qui déborderait tragiquement les pouvoirs publics. Voilà sur quoi il mise désormais. Simple hypothèse, mais elle mérite qu’on s’y attarde. Plusieurs éléments vont en ce sens.
C’est conforme à ses motivations. Le vrai but de Mélenchon, fasciné par les révolutionnaires, est de marquer l’histoire comme ils l’ont fait. Il veut être enseigné sur les bancs de l’école. Il s’était rêvé en Jaurès, à présent être un Danton, voire un Robespierre lui siérait bien. Qu’importe, du moment qu’il entre dans les livres d’histoire ! C’est pourquoi il est obsédé de longue date par sa fameuse VIe République. Changer le régime politique d’un pays, quelle meilleure façon de rester à la postérité ?
Au diable les bourgeois… Bon, les bobos peuvent quand même rester !
C’est également explicatif de ses agissements. Une fois qu’on table sur l’insurrection, nul besoin d’apparaitre pour un modéré afin de rassurer le bourgeois. On se fiche bien du cordon sanitaire qui doucement s’installe autour de Nupes. On souffle sur les braises en espérant que le feu prenne, on légitime les émeutiers, on en fait même des insurgés, pour mieux les récupérer le moment venu, quand il faudra un homme providentiel. Fort de sa légitimité, lui qui aura soutenu les émeutes de bonne heure, il prendra le pouvoir et imposera enfin une VIe République. Vous devrez apprendre sa date de naissance, lire ses biographies. Il y aura eu les révolutionnaires, les deux Napoléon, de Gaulle, et Mélenchon ! Les autres seront oubliés, y compris les présidents, qui passent et se succèdent, d’autant que la fonction est quelque peu galvaudée par des présidents médiocres, pour rester poli. Est-il si flatteur de devenir président de la République quand on pense à François Hollande ?
Enfin, le comportement de Mélenchon est finalement assez rationnel. À un moment où la France bascule dans la violence sociale et politique, où les Français se droitisent conséquemment, il y a des chances sérieuses que Marine Le Pen arrive au pouvoir. Or, ce serait selon l’extrême gauche le moment idéal pour des insurrections de masse. Les médias ne sauraient pas les condamner, puisqu’ils ont diabolisé Marine Le Pen. La répression qui s’ensuivrait serait peut-être même vertement vilipendée par tout ce que le pays compte de bienpensants, et une voie royale s’ouvrirait devant le vieux tribun de LFI pour imposer sa nouvelle République. La seule chose que craint Mélenchon aujourd’hui, c’est que ce soit un autre qui joue ce rôle-là.
Chair à canon
Dans ce scénario, Mélenchon a tout intérêt à multiplier les outrances pour favoriser l’arrivée de Marine Le Pen au pouvoir, laquelle offre un terrain plus favorable aux émeutes qu’un président plus ou moins centriste, en tout cas qui n’a pas l’étiquette d’« extrême droite ». En somme, devant un peuple qui se droitise, Mélenchon opposerait ici la stratégie consistant à le pousser du côté où il va tomber, c’est-à-dire la guerre civile. De ce chaos, il pourrait faire émerger un nouveau régime qui porterait de nouveaux verrous susceptibles de museler la droite aussi surement que la guillotine et remettre ainsi la France sur les rails du gauchisme. Le contexte d’émeutes des cités et autres black bloc muées en « résistance face au fascisme » serait un narratif idéal pour une telle mise au pas.
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Conclusion : Mélenchon semble bien être devenu un séditieux, le chef de La France Insurrectionnelle. À ce titre, certains avancent qu’il pourrait être poursuivi. Pourquoi les autorités ne le font-elles pas ? Peut-être qu’Emmanuel Macron espère simplement tenir assez longtemps pour refiler la patate chaude à Marine Le Pen et laisse Mélenchon impuni au mieux pour ne pas le victimiser, au pire pour éviter de déplaire aux journaux de gauche. En tout cas, s’il y en a une qui devrait méditer sur tout cela, c’est bien Marine Le Pen. La gestion de cette situation sera son principal défi si elle arrive au pouvoir. Quant aux émeutiers, aux pillards, aux racailles de cités, tout le monde comprend désormais qu’ils ne sont jamais que la chair à canon des ambitions de Mélenchon. Et, quand ce dernier inscrira la transition de genre dans la nouvelle Constitution, entre autres joyeusetés wokes bien loin de leurs préoccupations, la jeunesse ignare tireuse de mortiers comprendra peut-être combien l’inculture politique favorise les manipulations dont la gauche reste à ce jour la plus grande experte.